Pour en avoir, y'en avait.
Mais je ne les ai pas vues.
J'en ai marché une shot pourtant. Elles étaient là, tout autour. Y'aurait juste fallu que je lève ma tête un peu pour les voir.
Que je lâche la garnotte des yeux. Que j'enlève mon capuchon.
Et que je pense à autre chose.
Mais comment tu veux penser à autre chose?
Y'en a un que j'appréciais plus que l'autre... Mais trente-six ans tabarnak. Trente-six...
...
Quand.
Quand un écrivain.
Quand un écrivain n'arrive même plus à sublimer sa souffrance d'exister en se vouant à la seule chose qui le fasse se sentir vivant et singulier, c'est-à-dire... écrire.
Que lui reste-t-il crisse?
Nelly, Nelly.
* * *
Près de la Mastigouche, la connection passe mal. Ça m'a pris une demi-heure à télécharger la page d'un cyberjournal comme du monde. J'ai eu le temps de regarder les oiseaux dans la mangeoire à travers la fenêtre, d'aller me faire un refill de café moitié-lait moitié-crème, et de revenir m'asseoir devant l'ordinateur pour lire une phrase de quatre mots qui m'a rentrée dedans comme un dix-roues de pierres concassées en pleine descente.
Pierre-Falardeau-est-mort.
La brume est montée comme au petit matin en plein soleil. Dans mes yeux. De la rosée mouillée qui gruge des rebords de pantalon. Dans mes yeux.
Un gros vent frette.
Un gros vent frette.
Frette.
Qui souffle à travers les murs et qui te pogne au coeur.
Frette comme dans les gros frettes de janvier.
Pierre Falardeau, c'est le père que j'aurais aimé avoir.
C'est con. Mais c'est ça.
On l'avait invité à notre cégep. Pour une conférence.
J'étais dans l'asso et j'étudiais en cinéma. Ahhh. Le cinéma québécois, c'était mon dada. (Et ce l'est toujours, soit dit en passant.) Je me souviens de l'avoir raccompagné dans le stationnement, parce qu'il l'avait demandé : j'sais-pas-y'é-où-mon-char, et on avait jasé un peu lui et moi. Ouain. De tout et de rien, comme c'est possible de le faire en l'espace de cinq, dix minutes. J'avais joué la fille relaxe et pas impressionnée, et vous savez quoi, je crois que ça avait marché. Pourquoi? Parce qu'il était authentique et pas intimidant pour cinq cennes. Il était affable et sympathique. Souriant. Naturel. Drôle. J'ai dit quelque chose comme Salut! avant de tourner les talons et il m'avait souri, si gentiment que je m'en rappellerai toute ma vie.
J'étais dans l'asso et j'étudiais en cinéma. Ahhh. Le cinéma québécois, c'était mon dada. (Et ce l'est toujours, soit dit en passant.) Je me souviens de l'avoir raccompagné dans le stationnement, parce qu'il l'avait demandé : j'sais-pas-y'é-où-mon-char, et on avait jasé un peu lui et moi. Ouain. De tout et de rien, comme c'est possible de le faire en l'espace de cinq, dix minutes. J'avais joué la fille relaxe et pas impressionnée, et vous savez quoi, je crois que ça avait marché. Pourquoi? Parce qu'il était authentique et pas intimidant pour cinq cennes. Il était affable et sympathique. Souriant. Naturel. Drôle. J'ai dit quelque chose comme Salut! avant de tourner les talons et il m'avait souri, si gentiment que je m'en rappellerai toute ma vie.
Salut Pierre. Salut Pierre Falardeau.
10 commentaires:
Ouais ben, tu viens de me crisser la brume dins yeux.
idem
Merci d'être venus faire votre tour. Ça réchauffe.
On en croit pas nos oreilles dans ce temps-là. Y a du monde comme ça, on est attaché pis on le sait même pas jusqu'à quel point. Mais c'est encore ben pire quand on le sait.
Avec toi, Venise
L'automne a beau être beau quand la faucheuse frappe le frette pogne... C'est bin la moindre des choses que de venir se réchauffer dans cour à scrap, d'autant plus que ton commentaire exprime l'essentiel tant sur Nelly que sur Pierre. Merci. Longue vie à toi chère Gordon.
Bon, 2 personnalités connus et appréciés décédés en 2 jours c'est pas rien. C'est lundi. L'hécatombe a cessé. Un peu de répit pour nous rapprocher un peu du sens que chacun veut bien donner à la vie
Idem.
Merci Sandra.
:_o(
Avec vous autres,
Sandra
Avec vous autres aussi,
Blue
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