Quand ça arrive, je l’attends – et l’entends aussi – depuis une bonne trentaine de pages disons, cette mélodie affligeante d’une morosité sans nom. Quand je commence à remarquer qu’il en reste pas mal moins qu’il en restait. Je me doute bien du feeling qu’elle impose, de sa portée, de l’air et de sa chanson, mais je ne la sens pas tout à fait. J’anticipe len-te-ment, comme un tiraillement sourd qui s’accentue au fil des paragraphes qui s’ajoutent. Alors je me fabrique un café. Ou me verse un verre de quelque chose. Regarde dehors. M’allume une clope. Enlève mes bas. Ajuste le coussin. Redresse le dos. Flatte Léo. Je sais que ça achève. Ça goûte bon, et triste en même temps.
Et puis, bang! C'est la fin. Je reste plantée là comme une conne à tenter d’étirer le moment, à prendre doucement conscience des choses qui m’entourent et que j’ai ignorées pendant ixe temps, ouais, ça m’écoeure, furieusement, mais c’est bon en même temps. Je goûte parce que j’ai goûté et que ça goûtait bon. Puis je redescends. Tranquillement pas vite. Je quitte l’espace clos qui s’était créée entre l’objet et mes mains. Ça sent la conjugaison à l’imparfait, mais encore l’authentique et le bien senti. Pour longtemps. Pour toujours? C’est de même à chaque fois que je finis un livre qui m’a plu.
Déprimant, grisant et obligatoire.
Jusque-là vous suivez? Je parle de deuils, crisse. Du deuil de la première lecture. Pas la deuxième, ni la troisième. La première. Du feeling à vif. De la découverte. De la première prise. Moteur. Paluches, iris, aorte. Aaction.
Je pense que je l’ai acheté le jour de sa sortie. Ou le lendemain. À 'oliette. Un seul exemplaire, toé chose, j’étais-tu contente de l’avoir? Classé dans « Roman », moi qui cherchais désespérément la section « Romans québécois ». Ben crisse, y’en avait pas! Je suis repartie avec mon exemplaire sous le bras, et j'avais hâte d’en entamer la lecture au plus vite. Vite, vite, mais pas trop vite. Quand j’y suis retournée une couple de jours plus tard pour y acquérir Pour de vrai de Desbiens, là, j’y ai vu une table-pyramide entière, yes Sir!, oui Madame..., ouais – une belle montagne orange pétante. J’étais contente.
J’ai commencé par le tordre un peu. Et écrire mon nom tout croche sur la tranche. J’aurais pu l’écrire ailleurs hein, je m’en suis rendue compte quelque pages plus loin quand j’ai vu un truc formel qu'on retrouve habituellement dans les agendas scolaires : Identification de l’élève. Mais je sais pas, ça m’a semblé louche. Et puis je n’écris pas dans mes livres. Je les tords, okay, mais je ne barbouille pas dedans. Et non, je n’ai pas signé sous J’ai pris connaissance du contenu de cet agenda. Ça me semblait louche aussi…
J’ai souri, et ce n’était pas la dernière fois que j’allais sourire. La Solde de McComber nous fait rire, ouais. Mais jaune, la plupart du temps. L’idée originale de la structure de l’agenda, des dessins à colorier, des pensées du mois, des citations en exergue… Ça suppure et irradie à la fois, c’est cru et authentique et humain et noir, mais c’est de la douceur qui grince et une sensibilité qui fait réfléchir.
Réfléchir.
La Solde est un roman à lire. Point. Barre.
« Samedi. Quand je me réveille, il fait soleil. Je regarde l’heure. J’ai peine à ouvrir les yeux. Chaque jour, ma tête tente de me couper l’accès au monde extérieur. Mes paupières se givrent de gâteaux grisâtres, mes oreilles s’emplissent de crasses nauséabondes, mes narines s’obstruent de déchets durcis, ma gorge s’enroue de substances collantes. Je dois constamment nettoyer tout ça, sans quoi, un de ces matins, je ne pourrai plus sortir. Je suis pourchassé par un inexorable rouleau compresseur. » p.61.
J'sais pas pour vous autres, mais moi ça me fait réfléchir.
La Solde
Éric McComber
Éditions La Mèche
2011
Format souple ISBN : 978-2-89707-000-7
Format :12,4 x 19,3 cm
232 pages
Et puis, bang! C'est la fin. Je reste plantée là comme une conne à tenter d’étirer le moment, à prendre doucement conscience des choses qui m’entourent et que j’ai ignorées pendant ixe temps, ouais, ça m’écoeure, furieusement, mais c’est bon en même temps. Je goûte parce que j’ai goûté et que ça goûtait bon. Puis je redescends. Tranquillement pas vite. Je quitte l’espace clos qui s’était créée entre l’objet et mes mains. Ça sent la conjugaison à l’imparfait, mais encore l’authentique et le bien senti. Pour longtemps. Pour toujours? C’est de même à chaque fois que je finis un livre qui m’a plu.
Déprimant, grisant et obligatoire.
Jusque-là vous suivez? Je parle de deuils, crisse. Du deuil de la première lecture. Pas la deuxième, ni la troisième. La première. Du feeling à vif. De la découverte. De la première prise. Moteur. Paluches, iris, aorte. Aaction.
Je pense que je l’ai acheté le jour de sa sortie. Ou le lendemain. À 'oliette. Un seul exemplaire, toé chose, j’étais-tu contente de l’avoir? Classé dans « Roman », moi qui cherchais désespérément la section « Romans québécois ». Ben crisse, y’en avait pas! Je suis repartie avec mon exemplaire sous le bras, et j'avais hâte d’en entamer la lecture au plus vite. Vite, vite, mais pas trop vite. Quand j’y suis retournée une couple de jours plus tard pour y acquérir Pour de vrai de Desbiens, là, j’y ai vu une table-pyramide entière, yes Sir!, oui Madame..., ouais – une belle montagne orange pétante. J’étais contente.
J’ai commencé par le tordre un peu. Et écrire mon nom tout croche sur la tranche. J’aurais pu l’écrire ailleurs hein, je m’en suis rendue compte quelque pages plus loin quand j’ai vu un truc formel qu'on retrouve habituellement dans les agendas scolaires : Identification de l’élève. Mais je sais pas, ça m’a semblé louche. Et puis je n’écris pas dans mes livres. Je les tords, okay, mais je ne barbouille pas dedans. Et non, je n’ai pas signé sous J’ai pris connaissance du contenu de cet agenda. Ça me semblait louche aussi…
J’ai souri, et ce n’était pas la dernière fois que j’allais sourire. La Solde de McComber nous fait rire, ouais. Mais jaune, la plupart du temps. L’idée originale de la structure de l’agenda, des dessins à colorier, des pensées du mois, des citations en exergue… Ça suppure et irradie à la fois, c’est cru et authentique et humain et noir, mais c’est de la douceur qui grince et une sensibilité qui fait réfléchir.
Réfléchir.
La Solde est un roman à lire. Point. Barre.
« Samedi. Quand je me réveille, il fait soleil. Je regarde l’heure. J’ai peine à ouvrir les yeux. Chaque jour, ma tête tente de me couper l’accès au monde extérieur. Mes paupières se givrent de gâteaux grisâtres, mes oreilles s’emplissent de crasses nauséabondes, mes narines s’obstruent de déchets durcis, ma gorge s’enroue de substances collantes. Je dois constamment nettoyer tout ça, sans quoi, un de ces matins, je ne pourrai plus sortir. Je suis pourchassé par un inexorable rouleau compresseur. » p.61.
J'sais pas pour vous autres, mais moi ça me fait réfléchir.
La Solde
Éric McComber
Éditions La Mèche
2011
Format souple ISBN : 978-2-89707-000-7
Format :12,4 x 19,3 cm
232 pages
6 commentaires:
Enfin. J'étais tanné de voir ton blog en bas de la liste et ne pas remonter.
Ouain, le sapin était passé date un peu.
;)
Je connais un Big Mac qui va être ravi d'être compris.
Kein toué!
Miam. Ce sont des jours rassérénants…
Ouep! Moi aussi, ça me fait réfléchir...
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