C'est à peu près 120 piasses la tonne. Grosso modo c'est 80 si tu remplis ton pick-up. Ça, c'est pour la scrap scrap. Pour une scrap qui a de l'allure, c'est plus ou moins 4 piasses la livre. Cop, aluminium. Vous pouvez ben courir les poteaux. Moi, la scrap scrap, ça me plaît.

4.6.09

ÉPANCHEMENT



Okay. Je suis tombée là-dessus comme une gamine qui met les pieds chez Sucre Bleu. Excitée comme pas une, j'ai dompé le clip dans ma cour avant d'avaler des médocs (hostie de rhume) et d'aller pioncer sur une banquette à l'ombre d'une pruche.

J'adore le cinéma québécois (attention! je suis carnivore, mais je n'aime pas le boudin), j'aurais dû lui balayer un beau coin à ce clip-là, d'autant plus qu'une de ses répliques savoureuses coiffe ma cour depuis son ouverture, et j'sais pas moi, euh, qu'est-ce que je disais déjà?

Bref, c'est vrai que le clip passerait mieux avec une tite gorgée de quelque chose. Six bières pour une piasse et vingt, ça reste dans mon budget. Du copier/coller ça peut paraître indigeste, mais c'est de bon coeur. En gros, c'est comme un cadeau déballé à l'envers.







André Forcier


"Réalisme magique, fantastique social, poésie du réel, on a utilisé toutes sortes d'expressions pour qualifier le cinéma d'André Forcier. Ce cinéma, c'est celui d'un poète opposant fantaisie et imagination à la misère et à la pauvreté chroniques de ses personnages. Bar salon (1973), Night Cap (1974, m.m.), L'Eau chaude l'eau frette (1976), Au clair de la lune (1982), Kalamazoo (1988) et surtout, Une histoire inventée (1990) forment le corps d'une oeuvre baroque, foisonnante, merveilleuse illustration d'une société québécoise en manque d'amour, guettée par la mort, aérée par l'humour et irriguée par l'alcool. Prennent ainsi forme chez Forcier un univers où les personnages sont attirés vers le sol mais aspirent à s'envoler, un monde où l'évasion imaginaire s'oppose à la prison du réel, un microscome oscillant entre le tragique et l'absurde.


Le cinéma de Forcier est vulgaire en ce qu'il s'intéresse au commun des hommes, aux déshérités, aux désoeuvrés, aux laissés-pour-compte. La misère morale y côtoie l'utopie et l'absolu. La mort, presque toujours en bout de route, est la conséquence du désespoir.


Forcier est celui dont les films sont tournés dans la tourmente, au milieu de problèmes de toutes sortes; cette image s'ajoute au caractère singulier de ses films qui polarise les réactions à son endroit : on est farouchement pour Forcier ou violemment contre."


Marcel Jean, Le cinéma québécois, Boréal, coll. Express, Montréal, 1991, pp.74-75.


* * *


"Pour André Forcier, le prix Albert-Tessier arrive juste au bon moment dans sa vie personnelle et professionnelle. Il se réjouit de la reconnaissance dont fait l’objet le cinéma d’auteur alors que la rentabilité culturelle ne pèse plus lourd devant la dictature du box-office. Celui que la critique Marie-Claude Loiselle qualifiait en 1994 de « plus grand cinéaste québécois contemporain » lors de la sortie du Vent du Wyoming refuse de se taire. Au cours de l’été 2003, il a réalisé et produit à compte d’auteur son neuvième long métrage, Acapulco Gold, avec le feu sacré de ses 20 ans quand il tournait Le Retour de l’Immaculée Conception.


Dans sa maison de Longueuil, sur la rive sud de Montréal, Forcier, chaleureux et volubile, raconte. Il parle de ses ancêtres, cultivateurs et pêcheurs d’eau douce à Saint-François-du-Lac ; de son grand-père débardeur, installé dans l’Est de Montréal, qui insistait pour que ses enfants soient instruits ; de son père qui étudiait en sciences sociales avant de devenir policier sous Camilien Houde afin d’échapper à la conscription, de sa mère, opératrice à la « Bell téléphone », qui, à 83 ans, a une moyenne de 160 aux petites quilles. Père de trois enfants, Forcier déplore qu’on ait évacué l’enseignement de l’histoire au primaire. Un peuple qui ne sait pas d’où il vient ne sait pas où il va. Il souligne qu’ironiquement, seules les diasporas ont une mémoire collective ; d’où sa passion pour la culture acadienne. Ainsi, Forcier a réalisé en 2002 Gumb-Oh La ! La !, une série télévisuelle de treize portraits de Louisianais francophones.


Petit à petit, Forcier révèle son univers si personnel, celui qu’il magnifie et poétise en le projetant sur grand écran ; s’éveillent alors dans notre mémoire des personnages, des situations, des images qu’on sait désormais sortis tout droit d’une réalité parfois très dure mais que le cinéaste transforme et transcende par sa sensibilité qui donne aux êtres et aux événements une dimension mythique et universelle.

Né dans le quartier Villeray à Montréal, André Forcier grandira sur la rive sud du fleuve, d’abord à Greenfield Park, puis à Boucherville. Le jeune André ne rêve pas de cinéma. Il veut être criminaliste, dévore Allô Police et fait l’école buissonnière au palais de Justice pour aller voir plaider ses idoles, les Daoust, Morneault, Hébert et Shoffey.

Forcier fera ses études à l’Externat classique de Longueuil dirigé par les franciscains. Il se qualifie d’élève moyen, sans problème, pas très sportif, bien loin des arts et des artistes qu’il regarde avec réticence et un peu de méfiance. Mais le destin va lui jouer un tour dont il a seul le secret. L’anecdote est déterminante.


En Méthode, son professeur de français et de latin lui arrache systématiquement quinze pour cent de ses points parce qu’il n’apprécie pas sa calligraphie. Excédé, André Forcier confronte ce professeur sans ménagement. L’affaire n’en reste pas là : le directeur suspend Forcier du collège pour une semaine et lui enlève le droit de choisir ses options pour la Versification. Il voulait faire du grec mais on lui impose le module Arts plastiques qui comprend un cours de cinéma obligatoire. Le jeune professeur de cinéma, Robert Gauthier, enseigne à ses élèves l’utilisation de la caméra et le montage avec de l’équipement 8 mm et leur fait voir les classiques ainsi que le meilleur de notre cinéma national. Graduellement, Forcier se passionne pour le septième art et quand son professeur lui demande de faire la critique de Terre sans pain (1936) de Luis Buñuel, il obtient une note parfaite. Du coup ses camarades le découvrent et lui reconnaissent un incontestable talent pour l’écriture. On lui propose de collaborer au journal étudiant, qu’il farcit de poèmes et de nouvelles de son cru. C’est en écrivant sur le cinéma qu’il découvre le plaisir d’écrire et, en collaboration avec quelques-uns de ses camarades, il scénarise, réalise et produit son premier film, La Mort vue par…, court métrage en 8 mm, au commentaire ironique. L’œuvre, diffusée à la télévision de Radio-Canada dans le cadre de l’émission Images en tête, est primée. Gilles Carle, qui était membre du jury, encourage le jeune homme à continuer.
Forcier a trouvé sa voie ; en 1966, il réalise et produit un court métrage, Chroniques labradoriennes, puis commence la scénarisation d’un long métrage en noir et blanc, Le Retour de l’Immaculée Conception.

Entre-temps, les relations entre André Forcier et son père se corsent. Pour gagner sa vie et ramasser l’argent nécessaire à la production, il fait un peu de suppléance à la Commission des écoles catholiques de Montréal. Ses collègues, qui le voient sans cesse courir, bobines de pellicule sous le bras, le pensent un peu fou. Il dort à droite et à gauche, squatte certaines nuits d’hiver le local non chauffé des Cinéastes associés, une boîte de production aujourd’hui disparue, et utilise toutes ses ressources pour se procurer des bouts de pellicule. Pierre et André Lamy, ainsi que Gilles Carle, propriétaires de la compagnie de production Onyx Films, lui fournissent gratuitement les services techniques. À force de travail et de persévérance, Forcier peut enfin savourer la sortie de son film sur les écrans. C’est un succès. Dans le numéro de septembre 1973 de Cinéma/Québec, Pierre Demers écrit : « […] il est véritablement le seul porteur du nouveau, de la création, de l’imagination du cinéma québécois ». Le reste fait partie de notre histoire cinématographique.


En 1973, le Québec et le monde du cinéma international découvrent Bar Salon ; en 1974, Forcier reçoit des mains de Vittorio De Sica la Sirène d’argent au Festival de Sorrente, en Italie, ainsi que le Prix de la critique remis par l’Association des critiques de cinéma du Québec ; la même année, il présente un moyen métrage, Night Cap et, en 1976, une œuvre unique, inclassable, devenue un véritable classique, L’Eau chaude l’eau frette, qui sera projetée à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. En 1978, ce film reçoit le Grand Prix de la Presse à Chamrousse. Le président du jury est Romain Gary. Faut-il s’étonner qu’Émile Ajar écrive dans L’Angoisse du Roi Salomon : « Va voir Eau chaude, Eau frette à la Pagode, rue de Babylone, ça se donne en ce moment, tu verras qu’il y a encore des possibilités. »


Tourner n’est pas tout : encore faut-il que ses films et ceux de ses confrères cinéastes et vidéastes soient vus par le grand public. En 1976, Forcier participe à la fondation de Cinéma libre, société de distribution dédiée au cinéma québécois indépendant.

En 1983, c’est la poésie farfelue et émouvante de Au Clair de la lune qui attire l’attention sur Forcier. Mais les cinéphiles n’ont encore rien vu. André Forcier enchaîne les productions ; en 1987, c’est Kalamazoo, en 1990, Une histoire inventée, en 1994, Le Vent du Wyoming et, en 1997, La Comtesse de Baton Rouge, des titres qui brillent comme autant d’étoiles dans l’histoire du cinéma au Québec et au Canada. Le cinéaste offre des rôles en or aux comédiens qui reçoivent également leur part de reconnaissance. Les prix s’amoncellent. Parmi ceux-ci, le prix André-Guérin offert par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal dont Forcier est le premier lauréat en 1990.


André Forcier réussit le tour de force d’étonner, de choquer parfois, mais de toujours éblouir. Son cinéma est drôle et émouvant, son style unique et envoûtant, son regard rafraîchissant et surréaliste. En 1994, Éric Fourlanty écrit dans Voir : « André Forcier est le seul, au Québec, à avoir un univers qui se mesure aux plus grands, de Fellini à Blier. »

* * *

Ouain. C'est ça qui est ça.

Hasta Luego!

20 commentaires:

Trader a dit…

Le Québec d'hier.

Celui d'aujourd'hui (si on oublie le décor)?

Mistral a dit…

'tween you and me, Sandy, as-tu déjà mis les pieds dans une vraie taverne?

Mistral a dit…

On n'est pas comme ça. On n'est plus comme ça! On parle ben mieux anglais astheure.

Misère...

Blue a dit…

Oups! " Night Cap "!
Ou tous les ressorts de l'âme humaine ... Suis toute retournée, là.

Ca va Sandy ?

RAINETTE (l'énigmatique) a dit…

laise-le au programme, je vais venir aux vues peut-être ce soir... c'est pas très long et pi j'me souviens plus cé qui la grande tabarnak ! Denise Pelletier ? Enfin je verrai.

s.gordon a dit…

J'adore ce film.

Dans une vraie taverne? Une vraie de vraie? Dans mes rêves sûrement. Y'avait la Place Pigalle, à Lafontaine (que l'on peut voir dans Les Bons débarras), mais je crois que j'ai dû attendre mon père dans le pick up. Y'a eu Chez Plouffe aussi, devenu le 110 de la Gare (genre Chez Roger quoi), uhm... des bars glauques, ça fait-tu? Papa Constant, Au p'tit castor, Le tonneau... ah pis c'est pas glauque finalement, c'est juste relaxe. Pis j'aime ça les juke box moi. Ou les orchesses :)

T'as raison Christian, faut que je mette un contexte là-dessus. Un petit quelque chose. J'ai tendance à être trop short and sure.

Je suis euphorique Héléna Blue. Et à la bourre surtout :D

Je le laisse certain Rainette, je vais même y rajouter quelques trucs.

;)

Mistral a dit…

Je disais ça, Sandy baby, paske tu m'as rappelé qu'en 1985, j'ai mis les pieds dans une des deux dernières tavernes de Montréal: je l'ai appris quand on a refusé d'admettre ma compagne. C'était un droit acquis: pas de bienvenue aux dames. J'avais 21 ans, elle 18 ou 19, anyway toi t'étais une pitchounette, héhé, misère I'm so fucking old...

s.gordon a dit…

Mouais. Il doit bien en rester une pour moi à quelque part.

Sinon je vais en ouvrir une. La taverne Chez Gordon, ça sonne non?

Mistral a dit…

Non, ben, les droits acquis faisaient que ces permis disparaissaient par attrition: du moment que la place est vendue, exit le permis de taverne, in comes le permis de brasserie, you see, et les bonnes femmes.

s.gordon a dit…

Les hyper tavernes et all. Ouain.

Sacrées bonnes femmes hein. Qu'est-ce qu'on ferait sans elles ;)

Mistral a dit…

Ben, on aurait des tavernes, pardi!

s.gordon a dit…

:D

RAINETTE (l'énigmatique) a dit…

Même si les tavernes sont "bienvenues aux femmes" "ladies welcome"... ça ne m'intéresse pas plus, ça sent le pipi. Non ?

Bon je retourne sur mon siège écouter la vue. J'ai hâte de voir cé ki la grande tabarnak !

Blue a dit…

:-)

Blue a dit…

Je ne connais pas le cinéma québécois, j'avoue, mais ce petit film là s'il est représentatif est tout à fait dans un genre que j'apprécie. Cette peinture de moeurs et cette expression des sentiments avec un côté second degré, c'est tout à fait jouissif, si je puis me permettre ce mot.
Merci Sandra.
Et rassurée de te savoir euphorique.
:D

RAINETTE (l'énigmatique) a dit…

Je te fais rapport : je vais devoir l'écouter au bureau, mon ordi n'est pas assez fort. Je suis rendue à la 14e minute, le son est bon, c'est l'image qui ne bouge pas assez vite, on est encore à la taverne alors qu'avec le son, le "joyeux nowel grande tabarnak" a été dit et la petite a répondu : Joyeux Nowel Jean-Luc. Je crois reconnaître la voix de Jacques Teasdale et Denise Pelletier, la petite Lison, j'ai hâte d'y voir la bine....aucune idée cé qui !

LE MAMI a dit…

Ce cinéma cu Canada, quel Cinéma! Quel Cinéma!
Baltha

RAINETTE (l'énigmatique) a dit…

Ça va pas bien Sandra. Au bureau, c,est écrit que je dois avoir la dernièr version de Flash player et je n'arrive pas à l'installer.

Penses-tu que je vais réussir à la visionner ce m.........film hein ?

s.gordon a dit…

Quand on veut, ben.

On peut. :D

jp a dit…

pas regardé ton truc ni lu. t'aimais bien.

si t'existe pas, c'est pas grave.

pensais à toi en écoutant johnny cash. j'ai bu.

tiens:

http://www.youtube.com/watch?v=Mms9Eiy8Mw8

c'est pas bien de se moquer.
comprennent pas, hein ?
je peux arracher la peau d'un lapin encore chaud moi aussi.
suffit de pas penser.

bise