C'est à peu près 120 piasses la tonne. Grosso modo c'est 80 si tu remplis ton pick-up. Ça, c'est pour la scrap scrap. Pour une scrap qui a de l'allure, c'est plus ou moins 4 piasses la livre. Cop, aluminium. Vous pouvez ben courir les poteaux. Moi, la scrap scrap, ça me plaît.
Paul ressemble comme deux gouttes d’eau à André Sauvé. C’est un des employés du camping. Plus relaxe que ça t’as le système nerveux d’un chêne. Il commence à être habitué de me voir, je suis là depuis presque deux semaines. Quand il me voit, il s’approche le plus naturellement du monde. Le genre de personne avec qui on n’a pas envie d’éviter la conversation. Plutôt rare comme événement.
— Bon matin, que je lui fais, entre deux gorgées de café.
Je me suis baladée avec ma tasse thermos du Refuge Pageau, et il m’a vue entrain de zyeuter la programmation à venir du camping agrafée sur un poteau. Des courts-métrages vendredi, une épluchette de blé d’Inde samedi.
— Bon matin, qu’il me fait, les mains dans les poches et le regard reposé.
Il a l’air d’un gars du matin. Mais qu’est-ce que j’en sais. Il s’est peut-être couché tard.
— Le Festival des courts-métrages, ça attire-tu ben du monde? — Non. — Je vais sûrement venir voir ça. Ça se passe où? Dans le parc?
Le parc est juste devant nous. Installé tout au bout, après les balançoires semi déglinguées et l'unique glissade, il y a un espace surélevé qui fait office de scène dont le fond est délimité par du treillis.
— Ouais. Les films sont intéressants en général. Mais souvent il sont… j’sais pas. Durs. — Les sujets sont lourds? — Ouain. C’est souvent très noir. C’est rare que c’est léger… ou vraiment drôle. — Des petits films coup de poing hein... — Ouain, c’est ça. — J’imagine que ça doit pas trop plaire ici, hein? C’est pas ce qu’il y a de plus « festif » des courts-métrages qui fessent un peu... — Ben, tsé, les gens préfèrent s’amuser, rire en vacances… Des fois, c’est assez sombre merci. Surtout ceux de cette année… — Ouain. Je vais venir.
J’avais pris ma chaise pliante au cas où. Un peu après vingt et une heures, j’ai terminé ma soupe et je suis partie. À mon arrivée, il n’y avait pas un chat. Étonnée mais sans trop l’être finalement, je me suis choisie un endroit de qualité, à l’avant mais pas trop, question de n’avoir aucune tête devant moi. Le gars de la sono s’est approché et m’a dit :
— Le meilleur spot, hein? — Ouain ben j’ai apporté ma chaise, je pensais qu’à cette heure-là…
Et je n’ai même pas terminé ma phrase, je la trouvais inutile. Et niaiseuse. Il a ri, puis a mis du Radiohead en attendant de lancer le truc.
J’sais pas pour les autres, mais moi j’ai passé une maudite belle soirée. Même qu’à un moment donné, j’avais les yeux qui baignaient dans leur jus. Le court de Pedro Pires. Avec la collaboration de Robert Lepage. Danse macabre que ça s’intitulait. J’avais bien fait de venir avec ma chaise pliante.
Je lui dirai les mots bleus Les mots qu'ont dit avec les yeux Parler me semble ridicule Je m'élance et puis je recule Devant une phrase inutile Qui briserait l'instant fragile D'une rencontre D'une rencontre
Je lui dirai les mots bleus Ceux qui rendent les gens heureux Je l'appellerai sans la nommer J'aime le silence immobile D'une rencontre D'une rencontre
Je n'en doutais pas une seconde, le bleu la caractérise superbement. Celui qui émane de ses yeux bien sûr, mais de sa personne toute entière aussi.
Je poste ce billet ce soir sans même pouvoir y ajouter de photos.
Parce que je n'en ai pas. Aucune. Pour le moment...
Elles sont toutes dans ma tête. Quelque part entre mon hémisphère droit, mes nerfs optiques et mon aorte... Quand je cligne des yeux j'en vois un bon nombre, et quand je ferme les yeux j'ai un diaporama qui défile, des images mémorables dont certaines sont floues (mais ça, c'est une autre histoire hein), ça s'est passé vite, bien vite, et j'aurais voulu arrêter le temps et vous comtempler tous, beaux et belles, souriants, et chaleureux et vrais, tous réunis, venus de partout, de Brossard comme de Sainte-Marthe-sur-le-lac, Rawdon, Longueuil, Eastman, en passant par Saint-Jérôme et Lille!, Laval, Montréal and so on, et aussi ceux qui ne pouvaient être là de corps mais qui l'étaient d'esprit, ô que oui, je vous le dis, la température ambiante de l'Absynthe est devenue un véritable four, une fournaise même, et le mien de thermostat bouillait à gros bouillons de bonheur brûlant...
Que dire, sinon merci. Un beau et grand et immense merci d'avoir été là.
Hostie. Je n'en reviens toujours pas.
J'avais une Cortland dans le corps, trop fébrile vous savez, et puis ça a déboulé, intense, pur, et vrai, une pointe all-dressed pour éponger (merci Christian!), puis un Subway (merci mon homme!), mais je n'avais guère d'appétit pour rien d'autre que de vous déguster, là, tous, chacun, avec votre présence si chère, si singulière, si espérée, ouain, intense, hostie que c'était intense, hostie que ça a passé trop vite, j'ai l'impression que notre marathon n'a duré qu'une petite heure, whoa, étourdissant, ouais, c'était étourdissant, beau et intense et chaleureux, je vous remercie tous et toutes, du fond de mon petit coeur qui palpite encore, d'être venus, ouais, d'avoir décidé de vous pointer, de nous avoir fait honneur de votre présence, hostie j'en reviens pas encore... Alain, Alain, merci. Quelle attention touchante et délicieuse! Je suis un peu pompette ce soir (Merci Myriam!) et j'en aurais long à dire et en pense davantage sinon plus, mais je suis submergée par l'émotion et il me faudra au moins quelques jours pour faire descendre la poussière comme on dit, c'est comme ça, vous savez, ouf. Ouain.
On gagne toujours à être précis.
Fait que.
Merci.
(J'arrive de l'aéroport. Les départs, hostie que c'est pas gai.)
Mais on réitérera...
La toile est de Patrick Natier (Désert Blues). Ouais.
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Adieu Christian, mes sympathies à tes proches et à la Tribu. Je t'ai lâché,
je sais, après t'avoir beaucoup pris. Notre amitié n'était plus vive.
Pourtan...
49 and a life to go
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Ainsi donc, après une résonance magnétique et une visite chez le neurologue
on m'apprend que je n'ai pas de tumeur au cerveau. Pas de sclérose...
Harakiri de Maryse Latendresse
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Un roman couleur peau. Sa couverture m’a fait de l’oeil, j’ai plongé et
puis voilà j’en suis ressorti avec la conviction que pour sauver un enfant
du dés...
Pour avoir une idée de quoi on parle
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"...À l'aube du 20 avril 1914, à Ludlow, coin perdu des hautes plaines du
Colorado, au centre d'une nation américaine en "apparent repos", les
soldats de ...
Vulnérabilité
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Voici où j'en suis.
Je suis tombé par le plus grand des hasard sur cette conférence cette
semaine.
Seulement, je ne crois plus vraiment au hasard.
Cette da...
Ploutocrasse
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C'était dans la version électronique.ca de Radio-Canada ICI.
Parfois, je ne peux pas m'empêcher de lire les commentaires.
Oui, je suis masochiste. Et là, ce...
C'est arrivé près de chez nous.
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La dernière fois que je suis venu ici, l’automne faisait rage mais pas
autant que moi. En sortant, j’ai claqué la porte en oubliant l’adresse.
J’ai déam...
"Nous pleurnichons sur la liberté absente et nous n’avons même pas essayé la liberté. […] Ici, je commets un canadianisme : tout d’un coup qu’on serait libres ?"
Jean-Paul Desbiens, Les insolences du Frère Untel, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 1960, p.83-84.
On ne peut rester éternellement en suspension entre le quai et le lac.
"Ah, à quoi ça sert de rigoler, la vie est trop triste pour passer son temps à rigoler, dit le ténor en regardant la rue les yeux baissés. Mierde! dit-il. Je n'ai pas d'argent et je m'en fous ce soir."
KEROUAC, Jack. Sur la route.
L'eau du lac n'est pas chaude chaude, mais un coup saucé, on est ben.
"Même une cour à scrap ça peut être beau vue d'en haut... On dirait un tableau de Borduas."