Ça faisait pas loin de dix ans que je n'étais pas allée dans une cabane à sucre.
Tu rentres, tu payes, tu t'assois. Pis t'attends. T'attends que la bouffe soit prête. Quand les serveuses ont le okay du cuistot, tu reçois un plat Tupperware de soupe aux pois. Bang! Kin, stie. Mange. Slurp, slurp. Pas méchant. Slurp. Y'en a de reste. Mais justement : ils font quoi avec le reste? Vidange.
S'ensuivent les chips au gras salé. Les oreilles de crisse, si vous préférez. Puis les patates bouillies, les tranches de jambon, le creton, l'omelette soufflée et les fèves au lard. Ils fournissent la pinte de lait et les cruches d'eau. Certains se rincent le gosier au vin ou à la bière, quand ce n'est pas au gin - ou carrément au sirop d'érable. Doux Jésus... du vrai sirop d'érable. Moi je le garde pour le dessert. Hummm. On renouvelle la tournée d'oreilles, juste pour le fun, parce que les gens aiment ben ça les oreilles. Ils se détachent la ceinture. Ça soupire de partout. Les restes? Vidange.
Les desserts arrivent. On les imagine debout devant des grosses cuves fumantes, soudainement pris d'un malaise : les grand-pères dans le sirop. Sploutch. Ça ferait un bon film d'horreur de série B ça, les grand-pères dans le sirop. B comme dans bouillon, bedaine, bile. Botulisme, boursoufflés.
Pis là, c'est simple, on se peut plus : la tire s'en vient, ô superbe finalité de tous les vices glucosides et sainte merveille de la nature. Mais qu'est-ce qu'on fait au juste avec les autres desserts? Vidange, bien entendu.
Mais le pire, c'était quand ils ont sonné la cloche. Pour la tire. Jos-tire s'est amené avec son récipient et tout le monde s'est tu avant de se garrocher sur la mangeoire remplie de neige, bâtonnet à la main, prêt à attaquer.
Ça m'a donné le goût de me bâtir une cabane à sucre, pis de l'interdire au public.
Poème
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Un pou aime.
Là n'est pas le problème.
Mais qu'est-ce qu'il aime, le pou?
Il aime, c'est tout.
C'est un pou aimant.
Et quand il aime, ce pou, il aime...
Il y a 6 mois