18.12.08
17.12.08
ALMANACH DU PEUPLE
1 oignon
1/4 de tasse de beurre
2 tasses de riz Arborio
1/2 tasse de vin blanc
4 tasses et demi de bouillon de poulet
1 tasse et demi de parmesan Reggiano râpé
poivre
1. Oignon, beurre. Suer.
2. Riz. Enrober.
3. Bouillon chaud. Ajouter à coups de 1/2 tasse.
4. Attendre en buvant l'autre moitié de la bouteille.
5. Fromage. Ajouter.
6. On se laisse aller. Asperges. Champignons. Whatever. Des roches, si vos convives vous tapent sur le système.
Ah. Tiens. On rigole bien des joe-machin. Pas là, là. Mais de temps en temps, tsé. Le plus connu, c'est le ti-joe connaissant. Mais y'a aussi le hey-joe-I-said-where-do-you-go-with-that-gun-in-your-hand, très connu également certes, pis ça me tentait de l'entendre parce qu'il me tape moins sur les nerfs.
13.12.08
11.12.08
VEILLÉE DE NOWELL CHEZ MONONC' ANDRÉ
Qu’est-ce qui peut arriver de pire pour un vampire ?
BRUNO
J’sais pas…
ANDRÉ
Qui se fasse du mauvais sang ! (Il éclate de rire.) C’est quoi, l’expression préférée des vampires ?
BRUNO
J’sais pas… « Bon sang » ? On ouvre-tu les cadeaux?
ANDRÉ
Ah ben tabarnak, tu la connaissais ?
BRUNO
Non. (Il rit.) Hein? On les ouvre-tu?
ANDRÉ
T’es un p’tit vite, toé. (Il vacille.) Ok d'abord! Tu veux faire ton smatte, hein? Dis-moé donc comment tu fais pour faire crier une femme deux fois ?
BRUNO
Je le sais pas, mais je sens que tu vas nous l'dire.
ANDRÉ
La première fois, tu l’encules. La deuxième, tu t’essuies sur ses rideaux. (Fou rire.) Ostie qu’elle est bonne ! Hein ? (Les femmes rouspètent. André se tourne vers elles.) Quoi ! C’t'une joke ! (Il s’assoit et prend une gorgée de sa bière.) Bruno, faut que je t'explique quekchose. On va parler entre hommes… Ferme ta caméra.
BRUNO
Ahhh. Come on, mononc'...
4.12.08
ACTE MANQUÉ
2.12.08
LOIN DU GRAND-PÈRE GRABATAIRE. DERNIÈRE PARTIE.
C'était à vous autres de couper dans l'épicerie, pis de vous offrir un billet. Hé hé.
My. My.
(Y'a beau être plogué su'a glucosamine, d'après moi il ne refera pas quinze autres tournées.)
(Y'était en forme, le bonhomme. Y faussait de temps en temps, mais who cares? La septuagénaire que j'ai croisée peut-être? Ou bedon le kid de 10 ans qui accompagnait son père? La gang coiffée de mohwaks? La gonzesse qui n'arrêtait pas de pépier à côté de moi? Nah. Personne, sauf les gros cons.)
(Le son n'était pas assez loud à mon goût. )
(N'essayez pas de fumer un joint dans le Centre Bell, y'aura toujours un blaireau pour vous stooler.)
(Vous pouvez toujours opter pour un peu d'alcool fort dans une bouteille Naya. Ça fouille pas gros.)
(Mon caca nerveux : pourquoi y font pas plus de t-shirts de fille? Deux modèles, et puis basta. Si t'es pas contente, pogne-toi un modèle pour homme qui va te servir de pyjama. Ou ben prends-toi un poster. J'm'en crisse du poster! Du chandail avec! J'en ai pris un pareil... Un t-shirt.)
(Y'a un gars qui peignait une toile durant tout le show, installé en arrière des musiciens. Du live performance. Mais on n'a jamais vu le résultat final. C'était quoi le but? Butch, c'était toi?)
(Y'a fini le show en ravageant ses cordes. J'ai eu peur que la gratte y passe. Meuh non.)
(Avoir Neil Young comme grand-père. Ça doit être sympa.)
(En sortant du concert, j'aurais pu donner mes commentaires à CBS. Great show, yeah you know, it was great to sing happy birthday to Peggy, and the solos were not that interminables as I thought, as I wish they would be peut-être, quand on y pense, c'était just ben bon, ben simple, comme du Neil Young tsé, you know, y s'en fait pas des accroires lui, ça sonne sale pis dirty pis y bouge en esti, ça, faut lui donner ça, surtout after une rupture d'anévrisme... Far from the grandpa grabataire. Mais je me suis retenue. Mon anglais n'est pas au point.)
28.11.08
MY NAME IS NOBODY
« Mais alors, dit Alice, si le Monde, vraiment, n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ? »
Lewis Carroll. Alice au pays des merveilles, 1865.
* * *
Dans la nuit bleue lavasse De sa paire de Levis Arrivée au pubis De son sexe corail Écartant la corolle Prise au bord du calice De vertigo Alice S'enfonce jusqu'à l'os Au pays des malices De Lewis Carroll
Variations sur Marilou. Paroles et musique : Serge Gainsbourg
* * *Next monday, honné.
21.11.08
LA BRUNANTE
15.11.08
IL S'EN BALANCE
LES MOUCHES VOLENT CROCHE
13.11.08
9.11.08
KIRI, KLENDAKS ET CALOMNIES
Ce soir-là, c'est Margot qui cria «Bingo». D'un souffle court, d'une voix rauque. Elle quitta la salle sous les regards foudroyants de ses voisines de table, traversa le stationnement jusqu'à l'arrêt d'autobus et prépara son ticket. La 131 s'approchait.
«Puis, Madame Gagnon?» demanda le chauffeur.
- J'ai de quoi enterrer mon mari comme du monde.
8.11.08
«FARME TA BOUCHE, TU VAS AVALER DES MOUCHES»
Me semble qu'il y a assez de stock là-dedans pour éviter le faciès ahuri, non?
6.11.08
2.11.08
ORIGINES
J'crois plutôt qu'y est né en position de siège, juste pour écoeurer, pis quand y'é sorti... ben... y s'est placé la main sur son torse rose de petit bébé - de même, là - pis y'a dit :
« J'ai un Apgar de 15 sur 10, c'est ça? »
Y s'est retourné vers sa mère, et il lui a fait un clin d'oeil.
* * * *
J'ai pris de l'avance. Joyeux anniversaire!
31.10.08
SANS LA MUSIQUE, LA VIE SERAIT UNE OSTIE DE BELLE ERREUR
Et ça , ça scrappe l'entreprise. J'illustre (mais y'a pire) (y'a toujours pire, tsé) :
L'idée d'un ANTI top 5 m'est venue à l'esprit. Choisir 5 fientes musicales à partir d'un bassin abyssal est un exercice.... hum... ardu. Ça a l'air de rien, mais c'est du trouble pareil. En cette journée d'Halloween, j'ai décidé - mais ça n'a pas duré longtemps - de me déguiser en col brun dans un centre de tri. J'ai écouté le chant de mes borborygmes matinaux - ô doux prélude des grosses commissions - plutôt que de tendre l'oreille à mon artère principale. Celle qui fait baaaaaaattre mon coeur. Chemin faisant, je suis tombée sur une perle de bonne merde. Une perle de ma merde, dis-je bien. Car tous les goûts sont dans la nature, n'est-ce pas, et un tien vaut mieux que deux n'amassent pas mousse tu l'auras et puis vient à point qui sait lécher, m'enfin. Vous voyez le genre. Une perle, donc, de merde, qui me rappelle un genre entier de musique de merde. Quand je l'entends, c'est pas mêlant, j'ai le goût de - ouain OK, ça va faire les élans scatos.
J'en ai trouvée une. Une parmi tant d'autres. Mais y'en a trop. Et ça prendrait trop de temps. Ça m'a découragé. C'était une idée de merde, finalement, cet anti top 5. Un vieux klennedaque chéssé dans le fond de l'armoire me procurerait bien plus d'agrément en cette nuit d'Halloween.
Ça fait que je vais respecter mon engagement auprès de la grande française, miss H, qui m'a tapé su'l'épaule en début de semaine.
1. À mon grand bonheur, j'ai trouvé la réalisation d'André Leduc. 1969. À cette époque, j'étais encore loin dans le planning familial. Mon père devait bien plus se préoccuper de sa Charger modifiée que de ses futurs beubés.
Tout écartillé, paroles et musique de Robert Charlebois et de Marcel Sabourin
2. C'est aléatoire, hein, l'ordre de tout ça. Mon chat s'appelle Léo pis mon chat, j'l'aime en christ. Y'a pas de petites mains comme des raquettes, parce que c'est un chat, on s'entend-tu. Donnez-moi une île pis des animaux - comme lui là -pis chuis une femme comblée. En attendant, ben... je vais l'écouter pis me dire fuck, j'ai des frissons.
Le chien de Léo Ferré
À entendre, aussi, Des armes (de Ferré) - version Bertrand Cantat
3. La musique, c'est une question de survie mentale. Y'a pas gros d'accords dans celle-là, mais elle me rentre dedans comme une poignée de Paxil. Essayez-la dans un char, quand vous partez en vacances, la valise remplie de cossins de camping. Au lever du jour, sur la grand route. Une bouteille de Jack en dessous du siège, mais ça, c'est facultatif.
I'm the ocean de Neil Young (avec Pearl Jam)
4. J'ai choisi celle-là pour être d'actualité, mais je mens d'la marde parce que j'aurais pris Je me dore si elle avait été disponible. Si j'pouvais te donner mes poumons, mister, je le ferais volontiers. Mais ils s'en viennent aussi pourris que les tiens. Tes mots, parzemp', et ceux de Fauque et autres collabos... Si je peux me permettre, c'est le cancer du talent qui va t'éteindre. Un jour. Lointain, j'espère.
Je tuerai la pianiste de Alain Bashung
5. Damn. C'est toff. Vas y aller pour un beat vicelard et salaaaaaaaace. Mettez ça à fond et vous vous transformerez en bête humaine. Pour l'Halloween, vaut mieux ça qu'autre chose...genre un clown. C'est épeurant, un clown. Mais un clown qui sussure à la Gainsbourg...damn!
Et : Bien entendu, Richard Desjardins, Les Yankees. Nous sommes nombreux à l'aimer, celle-là. Nous sommes nombreux à brailler sur cette toune-là. À se dire comment est-ce qu'un gars peut inventer une affaire de même? C'est pas du Paxil, c'est pas de l'Effexor, c'est pas du Jack ni rien. C'est sacrément humain pis c'est beau comme ça se peut pas.
Mais ça se peut. C'est du Richard.
29.10.08
UNE HEURE MOINS DIX
L'automne, c'est beau. Les feuilles couleurées qui tombent, peu à peu et qui jonchent le sol. Hier, j'ai vu mon voisin shaker les branches de ses arbres afin d'accélérer le processus naturel des feuilles qui tombent. Il a sorti son engin stupide pour les souffler pas-dans-sa-cour. Ouais. L'automne, c'est beau.
Avant d'aller pieuter, j'ai regardé par la fenêtre.
Ça y est.
Il neige dewor.
26.10.08
25.10.08
TRIO WINNER
C'est le silence (de l'homme), un feu de camp et une doudoune.
Le récit des origines, le sujet oedipien et la réécriture peuvent ben prendre un numéro comme à la Boucherie du Marché. J'ai le goût de me fermer les yeux deux minutes.
C'est comme essayer de prendre en photo une aurore boréale. Avec son cellulaire.
Et tous ces gens qui traînent leur bouteille Nalgene comme s'ils allaient mourir de soif dans un pays qui compte j'sais pas combien de lacs. Damn.
Et puis y'a les joe-chansonneux, autour d'un feu de camp, qui s'enorgueillissent de connaître trois quatre accords. Moi j'en connais zéro pis j'en fais pas tout un plat.
Je les hais comme je hais profondément les araignées d'eau. Je les appelle les salopes (les araignées).
Pour les salopes, ça remonte à loin. Mon père en avait fracassée une - avec une rame - pis j'avais reçu le jus sur ma jambe.
«Autour d'un feu, les gens se sentent obligés»
Hamelin, Louis. Betsi Larousse ou l'ineffable éccéité de la loutre
Mais des fois, je fais des exceptions.
Quand quelqu'un connaît plus que trois quatre accords, et que son répertoire m'oblige à taper du pied.
La ruine-babines, j'aime ça même si c'est joué de façon approximative.
Mais je préfère encore quand tout le monde se ferme la bouête.
Le feu qui crépite pis les back vocals des ouaouarons, c'est pas assez?
24.10.08
CHRONIQUE MODE
Fin octobre, j'veux des chaussures. Mes paires de gougounes sont :
a) pus assez chaudes;
b) maculées de boue provenant de Masteuiash;
c) toutes ces réponses.
J'adore marcher pieds nus. Mais faire ça l'hiver - au Québec - c'est dangereux pour le système immunitaire et, entre vous et moi, ça relèverait d'un problème de santé mentale. J'ai assez de troubles de même avec mon esprit, faudrait pas que le corps s'y mette en plus.
Y fait beau, je zyeute les vitrines. J'haïs ça, zyeuter les vitrines. Mais y fait beau. Pis j'veux des chaussures.
Mais en octobre, y'en a pus, de chaussures. C'est le festival de la botte dans les contrées nordiques.
Hein? C'est quoi, ces osties de bottes laides là?
C'est des néo-bottes de cowboy, ou des bottes de néo-cowboys j'sais pas comment dire, fusionnées avec un look des années 80. Heille, menute. J'étais peut-être jeune, dans les années 80, mais j'étais pas trop jeune pour comprendre que les vestons à épaulettes, les cotons ouatés difformes pis les leggings à élastique C'ÉTAIT LAID EN OSTI.
Pis là... ben. Ça revient. Les années 80 reviennent à la mode. D'une façon détournée, vous me direz, mais elles reviennent quand même.
C'est-tu une joke?
Des néo-bottes de cowbow, donc, et des bottes à franges (christ, des franges!!!), des bottes à pitons en métal, des bottes flanquées de ceintures, de straps, de gling-gling ou de christ de dessins laids...
« Vous cherchez quelque chose en particulier, mademoiselle? »
-Euh. J'admire vos immondices.
-Pardon?
- Euh, non, merci. Je re-gar-de...
Quatre pouces de talon? Cinq, peut-être. Ça coûte combien, c't'affaire-là? Je retourne la botte, le prix est collé sur une semelle qui est lisse lisse lisse... douce douce douce...
Lisse lisse lisse, douce douce douce. Fuck! Kesse-tu fais avec des bottes de même su'a belle glace bleue d'un trottoir en pente, à moins trente degrés, quand y'a verglacé la veille?!?!
Tu-fais-dur-en-christ.
Ah! Y'a des chaussures au fond du magasin. Dans un gros bac. Une vente. Je fouille.
Des petits souliers de ballerines, avec le dessus ouvert béant. Sont quioute. Mais t'auras beau enfiler des chaussettes de polypropylène surmontées de laine de yack, tu vas attraper la mort là-dedans.
Je fouille encore.
Des souliers de matantes. Les lowfers bruns.
Je fais le tour. Rien trouvé. Ai fait ça dans cinq magasins différents.
Mais je suis rentrée à la maison avec une nouvelle acquisition.
Une maudite belle poubelle de cuisine de 18 litres, blanche, avec seau intérieur et pédale en métal. Un vrai bijou.
Fin de la chronique mode. Y'en aura pas gros icitte.
23.10.08
SLAQUE PAS LE JACK, LA PORTE-PATIO EST GRANDE OUVARTE
Ben tu les as astheure.
N'oublie pas que c'est toujours le premier verre le meilleur.
Y'aura pas d'hiver cette annééééééééééééééééééééééééééée
Haaaaaaaaa haaaaaaaaaaaaa ahhhhh ahhhhhhhha ahhhhhhhhhhhh ahhhhhhhhhh ahhh ahh ahhh
a) Plaisir, principalement celui des sens, à rechercher en tout temps.
b) N'implique pas seulement jouir d'un plaisir, mais aussi utiliser sa raison pour évaluer correctement les conséquences à plus ou moins long terme de nos choix.
c) Le plaisir recherché, ce bien suprême, ce n'est pas la jouissance, mais l'ataraxie - tranquillité intérieure que rien ne saurait troubler.
d) Vie rigoureuse faite de privation et de sacrifices, impliquant une discipline sévère sur les plans physique et spirituel.
e) L'absence d'objectivité de toute norme morale, la mort de Dieu.
.
21.10.08
19.10.08
INTERLUDE DOMINICAL POUR UN HIVER QUI S'EN VIENT PLUS VITE QU'ON NE LE PENSE...
Kessé qu'elle a à se plaindre, elle, sur du Bartok?
Elle a un char, pis un North Face.
Come on. Pelleter, ça fait digérer.
15.10.08
CAP VERS LE NORD
Mais en général, Stéphane s’ennuie. Y’a personne dans vie. Y se promène au centre d’achat, avec son lecteur mp3. Que des tounes encodées de Richard Desjardins. Eh oui, c’est ça la vie. Les mulots, les colibris, les papillons, les canards. Stéphane pète une coche et entre dans le petshop. Avez-vous des chiens mexicains ? La fille comprend rien. Des quoi ? La laiiiiiiiiiiiiiiisse d’un chien. La fille fait des yeux à son boss, qui rapplique au plus vite. Stéphane se met à varger sur le comptoir. C’t’un beau piano, ça, hein ma Rose-Aimée ? Tiens kiss my ass, la solitude ! Le gérant est nerveux. Les gens s’éloignent. Un enfant se met à brailler.
Stéphane stoppe net, se retourne. Monsieur, on vous demanderait de quitter le magasin. Mais Stéphane s’approche doucement de l’enfant. Nous aurons des corbeilles pleiiiiiiiiines, des roses noires pour tuer la haiiiiiiiiiiiiiiine. C’t’un fou, ça, christ ! crie la mère.
Quand y revient chez lui, y se dit toujours à soir, c’est un peu trop tranquille. Y’é tanné de faire la même affaire. Ça fait qu’y regarde sa map du Québec. Chibougamau ? Pas aujourd’hui Stéphane, t’es pas prêt encore. Où d’abord ?
Kanasuta….
M’en vas drette là, osti ! Rouyn-Noranda ! Kanaaaaaaaasuta, I’m coming !
Y’é fou comme d’la marde. Y ramasse deux trois affaires, embarque dans son char et fait cap vers le nord.
À mi-chemin, Stéphane a faim. Il s’arrête dans un IGA pour y acheter une pizza au tomate pis une douze de Wild Cat. C’est le show des couche-tard, à CFLO Mont-Laurier, et y’a Jean-Pierre qui annonce moins douze degrés pour c’te nuitte. Ça fait tilt dans sa tête, y devient toute énarvé. Y’é où mon mégaphone, y’é où mon mégaphone… C’est le vent du nord qui va percer mon jacket ! Heille, le vent du nord, tu veux faire ton smatte ? Tu veux-tu me tuer ? qu’y se met à crier. La sécurité l’a sorti. Stéphane est un incompris. Well let’s drink to that !
Y file romantique, Stéphane. Y se dit lucky lucky en osti d’en arriver là. Pis y se met à chanter. Ça fait longtemps que je t’atteeeends… Kanasuta ! qu’y rajoute, tout sourire. Le paysage défile lentement, Stéphane se rapproche du but. C’est beau, c’est long, c’est délicieux. Y tapoche sur le steering.
Je ne plierai que devant la beauté !
Y se répète ça trois quatre fois. Kanasuta apparaît tranquillement sur les pancartes. Droite, droite, les kilomètres s’égrainent, la route devient garnotte.
Je ne plierai que devant la beauté !
Y’en a qui disent que c’est là où les esprits se rencontrent. D’autres disent que c’est là où les diables vont danser. Kanasuta. Y’a la rivière, y’a le lac, y’a la forêt… Pis y’a le mont, aussi. Le mont Kanasuta. Stéphane arrive au boutte du chemin, après avoir suivi les indications.
Pis y s’arrache les dentiers.
Fffff'est fquoi, fça, tfafbarnakff ?!?!
...
11.10.08
ANAMNÈSE AUTOMNALE
10.10.08
UN GROS BUCK DANS' BOÎTE DU TRUCK
Réjean n’est pas convaincu. Clova, c’est pas la porte d’à côté. Jean-Guy veut pas le dire, mais il l’entend, le rattle, lui aussi. C'est ben certain. C’est pour ça qu’y grimpe le son de la radio pis qu’y fait à semblant que tout va bien. Mais il l’entend pareil, pis fort à part de tça. Y'a la petite lumière rouge qui vient de s’allumer, le moteur a d’la misère. C’est le show des lève-tôt, à CFLO Mont-Laurier, et y’a Julie qui annonce moins douze degrés pour c’te nuitte.
Christ, Jean-Guy, que Réjean dit.
C’est vrai que ça’ a pu de bon sens. Jean-Guy parle pas, mais y pense en sacrament. C’est garanti qu’on se rendra pas. C’est pas rien qu’un rattle, qui se dit, c’est plus sérieux que ça.
La pancarte du Lac Saguay leu’ passe sous le nez. Au virage, drette dans une toune d’Isabelle Boulay, la machine donne deux trois à-coups et s’affole. Jean-Guy a perdu le contrôle. Le pick-up patine su’a chaussée, semble attiré par le fossé. Réjean est su’l gros nerf, y’empoigne le steering. Jean-Guy, christ ! Pourquoi tu m’écoutes pas quand j’te parle ? Colice de bucké à’ marde ! En moins de temps qu’il faut pour le dire, y garoche son Export’A par la fenêtre pis y pèse su’l genou de son compagnon de chasse. Le pick-up s’immobilise. Colice, Jean-Guy ! J’te l’avais dit ! Ostie de viarge de colice !
Réjean s’en veut, c’est ben sûr. D’être là. De ne pas être parti à chasse avec un autre gars que Ti-Guy, pis sa machine pourrie. De ne pas avoir pris son truck, son beau Chevrolet Kodiak de l'année. Mais la garnotte, c’est pas bon pour la peinture flambette. Le sang chéssé dans’ boîte du truck, ça fait pas propre. Y s’en veut aussi – mais ça, il ne le dira jamais - de ne rien connaître aux fuck mécaniques. L’entretien, les mises au point. Pour lui, c’est du chinois. Mais là, quand même, y’a un maudit boutte à toutte. Ti-Guy, y’é pas à son affaire pantoute.
* * * * *
Vers l’heure du midi, le téléphone sonne chez Ghislaine. Acceptez-vous les frais, qu’on lui demande. Ben oui. Elle brasse sa sauce à spéghatti. Allô ? Réjean ? Vous vous êtes pas rendus ? Y’é où, mon Ti-Guy ? qu’a demande.
8.10.08
QU'EST-CE QUE J'AI FAIT?
«J'aime mon prochain mais je me domine »
Pierre Desproges
6.10.08
5.10.08
SONNEZ LES MATINES
Fernand Séguin : Le premier qui a assuré votre succès, là… On The Road. Vous êtes devenu le fondateur de la Beat Generation. Qu’est-ce que c’était, la Beat Generation pour vous ? Parce que tout à l’heure, euh… on disait de vous…
Jack Kerouac : Ben y’avait la Lost Generation de 1920… pis c’était 1940-1950… pis on disait qu’est-ce qu’on va appeler ça, qu’est-ce qu’on va appeler ça ?
FS : C’est vous qui l’avez inventé, ce terme-là… Beat Generation ?
JK : J’attendu… ouais… J’attendu des vieux vieux bonhommes dire ça dans le su’, des vieux nèg’, « Beat ».
FS : Dans le sens de… écrasés ? Vaincus ?
JK : Oui. Pauvres. Après ça, j’ai été dans la petite église de Sainte-Jeanne-D’Arc. Pis tout d’un coup, j’ai dit Ha-Ha ! Beat… Béate.
FS : Béatitude ?
JK : Ouuuh.
FS : Ça a changé de sens alors dans votre esprit…
JK : Beato en italien. Beato. Béatifique en français.
FS : Mais est-ce qu’y avait pas aussi le sens de Beat (Il claque des doigts) de l’orchestre Jazz ?
JK : Ouais… pis le sens de tça (Il rame) pis de tça (Il rame toujours). Comment qu’on fait ça ? Les canous ?
FS : Les canots.
JK : Pis le drum. Poum tchouk poum. Pis euh… toute… C’pas important. Le nom est pas important.
FS : Mais, euh…
JK : Les enfants sont importants.
FS : Mais vous dites que le nom est pas important, mais vous refusez d’être appelé un Beatnik. Vous n’êtes pas un Beatnik ?
JK : Le Beatnik, c’est un terme euh… ouh… ouh… J’avais un beau mot pour celui-là. (Rire général) Dénigrateur ? Denegrading ?
FS : Péjoratif ?
JK : Péjoratif !
FS : C’t’un beau mot !
JK : Inventé après spoutnik. Tsé, pour faire avoir d’l’air les ti-idéalistes de l’Amérique qu’y font de l’indépendance… d’avoir d’l’air comme des Russian spies. Nik. Beatnik. Spoutnik. Peacenik.
FS : En somme, ce que vous voulez dire, c’est que… à partir du mouvement de la Beat Generation, qui était un mouvement littéraire et même un mouvement poétique…
JK : Politique ?
FS : Poétique.
JK : Poetic ?
FS : Oui.
JK : Ben littéraire, c’est poétique !
FS : Mais je veux dire de la prose et puis des vers, aussi. Des choses qui…
JK : Ah oui, ah oui. Des verses. On dit pas « verses » ?
FS : Vers.
JK : Ah yeah ?
FS : À partir de…
JK : Pourquoi d’abord qu’on dit pas « verses » ? Humf. (Rire général)
FS : Pourquoi pas ? Y’avait de la prose pis y’avait du verse.
JK : Oh boy !
FS : À partir de ce mouvement central, qui lui était littéraire disons, y’a des parasites qui sont arrivés. Des gens qui ont voulu faire semblant de faire partie de ce mouvement-là. Et qui eux étaient des…
JK : Des bohemians. Des bohemians y’ont arrivé avec leur barbe pis leurs sandales, placés tout alentour, toute la nuitte, pis y m’watchaient. Pis ci, pis ça, pis.... Y faisaient pas rien. Pis y travaillaient pas, pis... On a toute travaillé, les écrivains ! Toutes sortes de jobs… J’étais un journaliste une fois. J’t’encore journaliste… Pis euh… Ça a donné un… c’est plus important que ça. J’tais fâché à propos de ça, y’a dix ans. Quand les bohemians y’ont rentré. Mais après ça, les jeunes y’ont commencé à renter. Astheure, ils s’appellent Now Generation… Action Generation ou ben… sans nom. Love Generation. LSD Generation. Mais, c’est des enfants aujourd’hui, les nouveaux. 18, 19, là. J’sais pas qu’est-ce qu’y vont faire mais… moé, j’suis assez vieux pour être leur père, là.
FS : Oui, ça c’est …
JK : 45 !
FS : C’est le diable qui se fait ermite, là.
JK : Hein, le quoi ? (Rire général)
FS : The devil that turns hermit.
JK : Qu’est-ce que ça veut dire, ça ?
FS : Maintenant que vous…
JK : Le diable devient ermite… Y’a jamais été ermite, c’t’orgiastre-là. Hé Hé.
FS : Maintenant que vous avez 45 ans, là, vous regardez les jeunes pis vous dites ben euh, j’pourrais être leur père.
JK : Les nouveaux jeunes… sont fins. Pis y cherchent de quoi.
FS : Si vous aviez 20 ans aujourd’hui, est-ce que vous referiez la même chose que vous avez faite ?
JK : Ben, je l’ai déjà faite, j’suis tanné. (Rire général)
FS : Dernière question, en 30 secondes. Qu’est-ce que Jack Kerouac pense de Jean Kerouac ?
JK : Euh… Qu’est-ce que ça veut dire ça ?
FS : What do you think of yourself ?
JK : Oh ! Qu’est-ce moé je pense de moi-même ?
FS : Oui !
JK : Je suis tanné de moi-même. Ben, j’sais que je suis un bon écrivain. Un grand écrivain. J’suis pas un homme de courage. Pis euh… Mais y’a une chose que je sais faire, c’est écrire des histoires, c’est toute.
4.10.08
IL ÉTAIT UNE FOIS
Hier, j'ai rencontré un vieil italien pas trop commode. Il devait avoir soixante ans passés. Quand il m'a filé sa carte d'assurance maladie, j'ai souri. J'ai regardé le bonhomme et je lui ai dit :
"C'est tout un prénom que vous avez là, monsieur."
Son faciès s'est transformé, ses traits se sont adoucis et il m'a répondu, souriant et plein de fierté :
"Ouais. Je sais."
Sergio-Leone
Le gars y'é né dans les années 30 ou 40. Ses parents ont peut-être eu une vision à sa naissance ou ben le bonhomme a décidé de modifier son identité en cours de route... J'sais pas ce qui s'est passé, mais moi j'le trouve cool en christ son prénom.
2.10.08
COMA DE STADE 4 ET AUTRES MALAISES
Je l’avoue en toute honnêteté, je suis quasi nulle en politique. Je me laisse un « quasi » parce que bon, y’a pire que moi. Si vous me flanquez au beau milieu d’une table ronde de recherche sur les politiques en matière d’adoption internationale, je vais me mettre à réciter des versets sataniques dans la langue d’Elisabeth May - l’écume au bord des lèvres - me renverser du café bouillant sur la tronche et égrainer des verres en stirofoam pour ne pas sombrer dans un coma de stade 4. Mais me balancer par la fenêtre pour en finir avec ce cauchemar, ça non. Je resterais parmi les érudits, de peine et de misère, avec le souhait de devenir plus brillante en la matière.
Ce qui fait qu’à 20 heures, hier soir, j’étais assise devant la télé avec un gros bol de soupe aux légumes. J’étais presque excitée.
À 20 heures 32, je cantais.
À 20 heures 56, je dormais.
Entre temps, Stéphan Bureau a poussé une couple de craques - ce qui m’a fait marrer. Stéphane Dion, lui, me faisait pitié. Quelqu’un a compris le charabia d’Elizabeth May ? Et Jack ? Jack, y’é smatte. C’t’un bon Jack, Jack. Duceppe était à son aise. C’est ben sûr, y’en est pas à son premier débat. Pis l’autre, là, le cowboy amorphe et rétrograde, ben y’é amorphe et rétrograde.
À 20 heures 57, j’étais dans un coma de stade 4.
Mais je suis de bonne foi ! Je vais mettre ça sur le compte du cadran qui sonne à 4 heures et demi à chaque matin, des médocs que je mange à la pelletée et des oreillers qui me calaient les reins trop bien.
Anyway, j’sais déjà pour qui voter. C'est étrange... J'ai une sensation de dayjavou que j'arrive pas à replacer.
1.10.08
SLUDGE
Le bras du gars est encore tendu. On dirait qu’il pense que parce que c’est gratis je vais le prendre. M’en fous de Jack Layton, moi. Y’a l’air sympathique. Y’a pas l’air méchant. Y’a l’air d’un Joe-barbecue. Je l’imagine bien entrain de piquer ses steaks, boire sa bière dans un boc en verre et lâcher deux trois blagues pas trop vulgaires.
Alors je lui dis « Non merci ». Le gars n’en fait pas trop de cas. Y’a déjà spoté une fille derrière moi.
Je me dis qu'a doit être plate en maudit, sa job, à lui. Je me mets à tousser en pensant que ça ne peut pas être pire que de faire le lapin de Pâques, à 7 piastres de l'heure, au coin de deux boulevards achalandés. Je me souviens, on me faisait des fuck you.
En tournant le coin de la rue, une quinquagénaire est entrain de dégobiller par terre. Elle se cache comme elle peut entre une clôture et une cabine téléphonique. C’est une petite madame toute quioute avec son petit sac à main à motifs chamoirés. Petite veste de laine. Petits souliers vernis. Je marche vite. Le monde m'énarve. Puis je me dis wo. Menute. Fais pas comme les morons qui attendent l’autobus pis qui la regardent se vider le corps. Peut-être ben qu'ils ne la voient pas. C'est dur à manquer, un petit bout de femme plié en deux qui dégueule discrètement.
Je passe devant la file d’attente. Certains zyeutent toujours la dame; d’autres se sentent moins coupables depuis que je suis allée la voir. Parmi les trois chanceux qui ont pu s’asseoir sur le banc, il y a une jeune qui est entrain de lire un pavé. Elle est concentrée, c’est beau de voir ça. Y’a rien qui la dérange, elle est dans son monde. Mes yeux cherchent le titre du livre.
29.9.08
JOURNÉE DE SCRAP
Quand je me tiens à la verticale, on dirait que c’est moins pire. Je me dis que tant qu’à ne pas dormir, aussi bien me tenir proche de la salle de bain. Je n’ai pas de laptop – on s’entend – mais je me tiens quand même au bout du corridor, à sept ou huit enjambées rapides. Et je rumine.
Je regarde mon chat qui regarde dehors. Je regarde les affaires empilées sur mon bureau, les kleenexs qui ont rebondis de ma poubelle, la pile de lavage pas pliée qui traîne sur mon divan pis la seule chose que j’ai la force de faire, c’est rien. Mais pas totalement rien. Pas le rien du vrai rien. Je clique sur ma souris, je lis des affaires et je bizoune sur mon blog en toussant sur le clavier.
OSTIE DE BLOG À MARDE ! ON EN PERD-TU, DU TEMPS, LÀ-DESSUS ?
On le sait, et puis on y revient. C’est-y une maladie mentale ? Un stade freudien pas réglé ? Une thérapie qui coûte pas cher ou une maudite manie ? Pis là, tu te dis : ouin. C’est-y un passe-temps qui va me passer ou ben une affaire qui va me rester ? Watch-toé. Tu veux pas que ça devienne une patante à la première personne du singulier, un déversoir de sentiments mal digérés, un journal intime avec des photos de Patrick Swayzé.
Woupe-laï… J’ai le tourni. Faut pas que je m’excite. Je vais vider ma poubelle - tranquillement pas vite – parce qu’elle m’écoeure, pis je vais essayer d’être productive selon les moyens du bord qui ne sont pas forts forts.
J'ai-tu dit : « Vider ma poubelle ? »
Ostie.
C’est-y à ça qu’y sert, mon blog ?
OK. Ça va faire, Gordon ! (Je me parle des fois.) (En général, je reste polie.)
Zyeute-donc ton agenda, pour voir tout ce que t’as à faire ! (Ah ben bout de viarge!)
OSTIE D’AGENDA DE MARDE DE CUL DE CHRIST !
Le gars qui a inventé, ça, hein, y doit-tu être content de sa shot ? Il doit se bidonner avec Joe post-it, à se dire « On les a-tu eus, tu penses ? »
28.9.08
HELLO RUBY IN THE DUST
Je déteste les lundis. Mais y va y avoir un lundi, en décembre prochain, qui ne sera pas un lundi ordinaire. La fin de l'automne sera sale, morne et grise. La neige, probablement pas arrivée encore. Mais je sens que ce show-là va durer longtemps et que les tounes ne seront pu arrêtables. Les guitares vont sonner gras, lourd et crade et c'est deux ou trois générations qui en redemanderont encore.
Je l'avoue, j'ai hâte. Comme quand j'ai vu Bashung deux soirs de suite. Pendant quelques secondes, tu te dis que t'aurais pu mettre ton argent ailleurs. À ben des places. Mais ça ne dure que quelques secondes parce que que tu te dis que ce qu'y se passe là, devant toi, tu peux pas le mettre de côté dans des REERS.
Des légendes vivantes, c'est drette ça.
L'AMOUR À L'ÂGE ATOMIQUE...SUITE ET FIN.
DESMARAIS, Marcel-Marie, L’amour à l’âge atomique, Montréal, Les Éditions du Lévrier, 1950, p.15-16.
27.9.08
L'IMPURETÉ N'EST PAS NÉCESSAIRE À LA SANTÉ
Des malades qui le sont devenus à cause de la pureté, qu’on nous en montre donc ! Les chercheurs, s’ils s’en trouvent, en seront pour leur peine. Ils découvriraient plus facilement des épingles dans une meule de foin. Les victimes de l’impureté, elles, foisonnent. On en rencontre partout : dans les hôpitaux, les asiles d’aliénés, les prisons, voire en certains foyers.
Enfin, l’expérience personnelle de milliers de jeunes gens, à la fois pures et en parfaite santé, suffirait, à elle seule, à jeter par terre le fragile château de cartes dressé par les vicieux en mal d’excuses. »
DESMARAIS, Marcel-Marie, L’amour à l’âge atomique, Montréal, Les Éditions du Lévrier, 1950, p.15.
25.9.08
LES MORTS SONT MORTS
VISE BEN COMME IL FAUT
13.9.08
TAG BUREAU
6.9.08
LA CATIN
Ouvre les fenêtres, ferme les fenêtres, ouvre les fenêtres, ferme les fenêtres. Pas le choix quand on ne veut pas de visiteurs nocturnes qui auraient l'idée de passer par le balcon. Y disent ça, à la tévé, faut fermer nos fenêtres comme du monde si on ne veut pas en voir ressoudre pendant qu'on dort. Ça fait qu'hier soir, j'ai tout fermé - comme du monde - comme d'habitude. Pas délicate délicate moi. La porte patio, faut lui donner un maudit bon swing pour que le verrou clenche comme du monde. Ça fait bang, pis là ça clenche. Sauf qu'hier, mon pouce se la jouait intrépide et quand ça a fait bang, ça a fait bang. Ou crounch. Il ne l'avait pas vu venir, celle-là.
"M'escuse". Pfff. C'est tout ce qu'y a trouvé à dire. Je n'aime pas le favoritisme, mais le pouce droit, quand t'es droitière, c'est quand même quelque chose. Un pouce droit, quand t'écris de la main droite, c'est fort utile. Pas juste pour écrire. Pour un paquet d'autres affaires. Je pourrais m'éterniser sur une liste, mais ça serait trop long. Quand il se passe quelque chose dans notre vie, n'importe quoi, j'sais pas moi, pis il faut qu'on bouge rapidement, sans s'en apercevoir, qu'est-ce qu'on fait? La main maître bouge en premier, s'empare de quelque objet et les doigts y vont franco parce que c'est ça qu'ils font depuis des lustres. Y se disent pas wowo attention, ça pourrait faire mal, joe le pouce droit est ouvert béant ça va résonner dans tout le corps watch out le sang. Bref, ça tient à coeur. Et ça valait donc quelques jurons.
29.8.08
KESSE TU FAIS, LÀ... MOUAIN... MOÉSSI...
L'homme ne supporte pas la solitude. Il paraît ben mieux quand il a l'air busy.
Devant un étal de légumes, dans une salle de cours, debout dans l'autobus, sul trottoir, dans les chiottes, au cinoche, en bécik, au volant, le cul sur un banc de parc, de salle d'attente, devant la caissière, dans un concert.
Osti de téléphones cellulaires de marde de cul de christ.
Pouvez ben crever d'un cancer du cerveau, m'en balance.
26.8.08
LE RANG SIX
"Comme je connais ma bête, j'sus allé le r'joindre dans l'rang six". Mon chien robbeur de Fred Fortin
Non loin du rang six, une patante à vacanciers. Recommandée, certes. Mais pas un lendemain de veille sous la menace d'un ciel électrique. Ah pis pourquoi pas. Monologue garanti et sacres bien sentis. Étonnant ce qu'on peut faire avec deux ti-mousquetons et une tite-poulie. Ça fait descendre le cipate, la tourtière, name it. Et ça donne soif.
2.8.08
LE SURVENANT
11.6.08
COMBUSTION LENTE
-Toi, mon petit christ, viens pas chier sur mon terrain!
19.5.08
JE PARLE FORT, MAIS JE NE SUIS PAS RIDICULE
« Lecteur, si tu rêves toi aussi de devenir écrivain, mais es incapable de comprendre ce que je ressentais lorsque, pendu à un téléphone public sur la bruyante mezzanine du Salon du Livre, j’ai annoncé à ma mère que mon roman était accepté et sortirait chez Québec Amérique, je te conseille de faire carrière dans la Sûreté du Québec. [1]»
Je ne suis que l’auteur de quelques textes parus dans des revues, un auteur de type B selon les règles du CALQ. Entre un quart de travail à mettre des pots d’urine dans des sacs biorisque et un quart uqamien à essayer de finir mon bac, j'avance mes trucs. Quand le temps sera venu, je n’appellerai peut-être pas ma mère puisqu’elle ne répond plus au téléphone depuis longtemps, mais chose certaine, je ne ferai jamais une carrière dans la Sûreté du Québec.
[1] Louis Hamelin, L’homme isolé, Montréal, Éditions Trois-Pistoles, coll. Écrire, 2006, p.41.
4.4.08
Dans le soleil ou dans la nuit, voyez-vous ces êtres vivants?
ou mes yeux qui se sont habitués
à la noirceur? »
- Jenny Raymond
Bruno et Jenny
Qu’est-ce que tu fais ?
JENNY
Mon possible…
BRUNO
C’est tout ?
JENNY
Tu trouves pas que c'est assez ?
30.06 en bas de zéro
(d’un ton sérieux)
Là, mon Jacquot, on approche de la swomp.
Tu te souviens de ce que je t’ai dis?
JACQUES
Euh oui, oui, p’pa.
CLEMENT
Avance ben tranquillement, mon Jacquot.
Ben tranquillement…
FERNAND
Envoye. N’aie pas peur.
JACQUES
J’ai pas peur!
FERNAND
(en chuchotant)
Tu le vois-tu? Y’é là-bas, à trente pieds de la swomp.
Regarde, regarde là-bas, Jacques…
Jacques est nerveux. Il regarde l’orignal et ne bouge pas.
FERNAND
Là, vise le ben…
Attend qu’il ne bouge plus.
Pis tu tires. Envoye, tu es capable...
CLEMENT
(en chuchotant lui aussi)
Tu es capable, Jacquot,
Concentre toi comme il faut…
Jacques regarde dans le viseur de la carabine.
FERNAND
(impatient)
Ben qu’est-ce que t’attends, envoye!
Envoye, tu vas le manquer…
Tabarnak, qu’est-ce que tu fais?
Envoye!
En colère, Fernand empoigne la carabine, regarde dans le viseur et tire deux coups. Jacques se retourne vers Clément, qui regarde l'orignal.
CLEMENT
(s’adressant à Fernand)
C’est beau, tu l’as eu.
FERNAND
(sur un ton méprisant)
Ouin, ben tu ne seras jamais un chasseur, toi.
CLEMENT
Viens t’en, Jacquot. On va aller voir l’orignal.
Pis pleure pas. C’est pas grave.
Tu gonflais ta permanente dans le miroir du photomaton
D'un gris anthracite
Ton absence qui me hante
Et même si ta couleur préférée
recouvre ton sol, l'été
Je me souviens d’une amie
Qui espérait encore
Mais qui est morte d’ennui
Température ambiante
En pics d’amertume
Et de regrets inconsolables
Qui laissent dans ma bouche
Un goût âpre
De chagrin plâtré
27.3.08
13.3.08
LÉO FERRÉ
À mes oiseaux piaillant debout
Chinés sous les becs de la nuit
Avec leur crêpe de coutil
Et leur fourreau fleuri de trous
À mes compaings du pain rassis
À mes frangins de l'entre bise
À ceux qui gerçaient leur chemise
Au givre des pernods-minuit
À l'Araignée la toile au vent
À Biftec baron du homard
Et sa technique du caviar
Qui ressemblait à du hareng
À Bec d'Azur du pif comptant
Qui créchait côté de Sancerre
Sur les MIDNIGHT à moitié verre
Chez un bistre de ses clients
Aux spécialistes d'la scoumoune
Qui se sapaient de courants d'air
Et qui prenaient pour un steamer
La compagnie Blondit and Clowns
Aux pannes qui la langue au pas
En plein hiver mangeaient des nèfles
À ceux pour qui deux sous de trèfle
Ça valait une Craven A
À ceux-là je laisse la fleur
De mon désespoir en allé
Maintenant que je suis paré
Et que je vais chez le coiffeur
Pauvre mec mon pauvre Pierrot
Vois la lune qui te cafarde
Cette Américaine moucharde
Qu'ils ont vidée de ton pipeau
Ils t'ont pelé comme un mouton
Avec un ciseau à surtaxe
Progressivement contumax
Tu bêles à tout va la chanson
Et tu n'achètes plus que du vent
Encore que la nuit venue
Y a ta cavale dans la rue
Qui hennnit en te klaxonnant
Le Droit la Loi la Foi et Toi
Et une éponge de vin sur
Ton Beaujolais qui fait le mur
Et ta Pépée qui fait le toit
Et si vraiment Dieu existait
Comme le disait Bakounine
Ce Camarade Vitamine
Il faudrait s'en débarrasser
Tu traînes ton croco ridé
Cinquante berges dans les flancs
Et tes chiens qui mordent dedans
Le pot-au-rif de l'amitié
Un poète ça sent des pieds
On lave pas la poésie
Ça se défenestre et ça crie
Aux gens perdus des mots FÉRIÉS
Des mots oui des mots comme le Nouveau Monde
Des mots venus de l'autre côté clé la rive
Des mots tranquilles comme mon chien qui dort
Des mots chargés des lèvres constellées dans le dictionnaire desconstellations de mots
Et c'est le Bonnet Noir que nous mettrons sur le vocabulaire
Nous ferons un séminaire, particulier avec des grammairiens particuliers aussi
Et chargés de mettre des perruques aux vieilles pouffiasses Littéromanes
IL IMPORTE QUE LE MOT AMOUR
soit rempli de mystère et non de tabou, de péché, de vertu, de carnaval romain des draps cousus dans le salace
Et dans l'objet de la policière voyance ou voyeurie
Nous mettrons de longs cheveux aux prêtres de la rue pour leur apprendre à s'appeler dès lors monsieur l'abbé Rita Hayworth monsieur l'abbé BB fricoti fricota et nous ferons des prières inversées
Et nous lancerons à la tête des gens des mots SANS CULOTTE SANS BANDE À CUL
Sans rien qui puisse jamais remettre en question
La vieille la très vieille et très ancienne et démodée querelle du qu'en diront-ils
Et du je fais quand même mes cochoncetés en toute quiétude sousprétexte qu'on m'a béni
Que j'ai signé chez monsieur le maire de mes deux mairies
ALORS QUE CES ENFANTS SONT TOUT SEULS DANS LES RUES ET S'INVENTENT LA VRAIE GALAXIE DE L'AMOUR INSTANTANÉ
Alors que ces enfants dans la rue s'aiment et s'aimeront
Alors que cela est indéniable
Alors que cela est de toute évidence et de toute éternité
JE PARLE POUR DANS DIX SIÈCLES et je prends date
On peut me mettre en cabane
On peut me rire au nez ça dépend de quel rire
JE PROVOQUE À L'AMOUR ET À L'INSURRECTION
YES! I AM UN IMMENSE PROVOCATEUR
Je vous l'ai dit
Des armes et des mots c'est pareil
Ça tue pareil
II faut tuer l'intelligence des mots anciens
Avec des mots tout relatifs, courbes, comme tu voudras
IL FAUT METTRE EUCLIDE DANS UNE POUBELLE
Mettez-vous le bien dans la courbure
C'est râpé vos trucs et manigances
Vos démocraties où il n'est pas question de monter à l'hôtel avecune fille
Si elle ne vous est pas collée par la jurisprudence
C'est râpé Messieurs de la Romance
Nous, nous sommes pour un langage auquel vous n'entravez que couic
NOUS SOMMES DES CHIENS
et les chiens, quand ils sentent la compagnie,
Ils se dérangent et on leur fout la paix
Nous voulons la Paix des Chiens
Nous sommes des chiens de " bonne volonté "
Et nous ne sommes pas contre le fait qu'on laisse venir à nous certaines chiennes
Puisqu'elles sont faites pour ça et pour nous
Nous aboyons avec des armes dans la gueule
Des armes blanches et noires comme des mots noirs et blancs
NOIRS COMME LA TERREUR QUE VOUS ASSUMEREZ
BLANCS COMME LA VIRGINITÉ QUE NOUS ASSUMONS
NOUS SOMMES DES CHIENS
et les chiens, quand ils sentent lacompagnie,
II se dérangent, ils se décolliérisent
Et posent leur os comme on pose sa cigarette quand on a quelque chose d'urgent à faire
Même et de préférence si l'urgence contient l'idée de vous foutre sur la margoulette
Je n'écris pas comme de Gaulle ou comme Perse
JE CAUSE et je GUEULE comme un chien
JE SUIS UN CHIEN