C'est à peu près 120 piasses la tonne. Grosso modo c'est 80 si tu remplis ton pick-up. Ça, c'est pour la scrap scrap. Pour une scrap qui a de l'allure, c'est plus ou moins 4 piasses la livre. Cop, aluminium. Vous pouvez ben courir les poteaux. Moi, la scrap scrap, ça me plaît.

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13.4.17

MÉMOIRE

           
            « C’est quoi le titre de ton exposé, Nicolas ? »
    Pi.
    Hein ?
    C’est Pi.
    Les pis d’une vache ?  Des souvenirs d’une visite dans une ferme, une cabane à sucre ?
    Non, madame Christine.  C'est juste Pi.
Il enchaîna.
            « Pi.  Trois virgule un quatre un cinq neuf deux six cinq trois cinq huit neuf sept neuf trois deux trois huit quatre six deux six quatre trois trois huit trois deux sept neuf cinq zéro deux huit huit quatre un neuf sept un six neuf trois neuf neuf trois sept cinq un zéro cinq huit deux zéro neuf sept quatre neuf quatre quatre cinq neuf deux trois zéro sept huit un six quatre zéro six deux huit six deux zéro huit neuf neuf huit six deux huit zéro trois quatre huit deux cinq trois quatre deux un un sept zéro six sept neuf huit deux un quatre huit zéro huit six cinq un trois deux huit deux trois zéro six six quatre sept zéro neuf trois huit quatre quatre six zéro neuf cinq cinq zéro cinq huit deux deux trois un sept deux cinq trois cinq neuf quatre zéro huit un deux huit quatre huit un un un sept quatre cinq zéro deux huit quatre un zéro deux sept zéro un neuf trois huit cinq deux un un zéro cinq cinq cinq neuf six quatre quatre six deux deux neuf quatre huit neuf cinq quatre neuf trois zéro trois huit un neuf six quatre quatre deux huit huit un zéro neuf sept cinq six six cinq neuf trois trois quatre quatre six un deux huit quatre sept cinq six quatre huit deux trois trois sept huit six sept huit trois un six cinq deux sept un deux zéro un neuf zéro neuf un quatre cinq six quatre huit cinq six six neuf deux trois quatre six zéro trois quatre huit six un zéro quatre cinq quatre trois deux six six quatre huit deux un trois trois neuf trois six zéro sept deux six zéro deux quatre neuf un quatre un deux sept trois sept deux quatre cinq huit sept zéro zéro six six zéro six trois un cinq cinq huit huit un sept quatre huit huit un cinq deux zéro cinq quatre huit huit deux zéro quatre six six cinq deux un trois huit quatre un quatre six neuf cinq un neuf quatre un cinq un un six zéro neuf quatre trois trois zéro cinq sept deux sept zéro trois six cinq sept cinq neuf cinq neuf un neuf cinq trois zéro neuf deux un huit six un un sept trois huit un neuf trois deux six un un sept neuf trois un zéro cinq un un huit. »
             Exposé oral de quatre minutes, ayant pour sujet la mémoire.  Nicolas obtint dix sur dix de son enseignante, en même temps qu'un respect mitigé de ses compagnons de classe.

            « Shit. »




Aaah Richard.

 Faut pas compter sur le hasard.


1.10.08

SLUDGE



En sortant du métro, un homme en complet veston me tend un flyer sur lequel on peut voir la tronche de Jack Layton. Je me dis C’est quoi ça ? Ah, c’est juste lui.

Le bras du gars est encore tendu. On dirait qu’il pense que parce que c’est gratis je vais le prendre. M’en fous de Jack Layton, moi. Y’a l’air sympathique. Y’a pas l’air méchant. Y’a l’air d’un Joe-barbecue. Je l’imagine bien entrain de piquer ses steaks, boire sa bière dans un boc en verre et lâcher deux trois blagues pas trop vulgaires.

Alors je lui dis « Non merci ». Le gars n’en fait pas trop de cas. Y’a déjà spoté une fille derrière moi.

Je me dis qu'a doit être plate en maudit, sa job, à lui. Je me mets à tousser en pensant que ça ne peut pas être pire que de faire le lapin de Pâques, à 7 piastres de l'heure, au coin de deux boulevards achalandés. Je me souviens, on me faisait des fuck you.

En tournant le coin de la rue, une quinquagénaire est entrain de dégobiller par terre. Elle se cache comme elle peut entre une clôture et une cabine téléphonique. C’est une petite madame toute quioute avec son petit sac à main à motifs chamoirés. Petite veste de laine. Petits souliers vernis. Je marche vite. Le monde m'énarve. Puis je me dis wo. Menute. Fais pas comme les morons qui attendent l’autobus pis qui la regardent se vider le corps. Peut-être ben qu'ils ne la voient pas. C'est dur à manquer, un petit bout de femme plié en deux qui dégueule discrètement.

Je m’arrête et m’approche d’elle. Elle vomit du liquide. On dirait de la bile. La petite dame est embarrassée et ne me regarde pas. « Ça va, madame ? » que je lui dis. « Oui, oui » me répond-elle avec empressement. Je renchéris. «Avez-vous besoin de quelque chose ? Un kleenex, j’sais pas moi.» « Non, non. Merci.» Ok. Bon. A veut rien. A veut la paix. Elle me sourit timidement et continue de dégobiller. Je m'éloigne.

Je passe devant la file d’attente. Certains zyeutent toujours la dame; d’autres se sentent moins coupables depuis que je suis allée la voir. Parmi les trois chanceux qui ont pu s’asseoir sur le banc, il y a une jeune qui est entrain de lire un pavé. Elle est concentrée, c’est beau de voir ça. Y’a rien qui la dérange, elle est dans son monde. Mes yeux cherchent le titre du livre.
Les filles de Caleb.