C'est à peu près 120 piasses la tonne. Grosso modo c'est 80 si tu remplis ton pick-up. Ça, c'est pour la scrap scrap. Pour une scrap qui a de l'allure, c'est plus ou moins 4 piasses la livre. Cop, aluminium. Vous pouvez ben courir les poteaux. Moi, la scrap scrap, ça me plaît.

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22.8.10

LES CORPUSCULES DE KRAUSE

Si on m'avait demandé hier, avant-hier, ou il y a trois ans disons, de mettre le doigt sur un jour heureux en particulier, d’en choisir un plutôt qu’un autre, et de l’élever au panthéon des bonheurs suprêmes, de le classer à part, vraiment à part je veux dire, de l’ordre de donner la vie – ou d’en sauver une autre – ou j'sais pas quoi, j’aurais froncé les sourcils et réfléchi un peu avant de nommer un top ten à l’aveuglette, des trucs qui me seraient venus comme ça, sur le moment. Comme un top ten qui varie d’un jour à l’autre, au gré de l’humeur, des souvenances, de la pression atmosphérique ou que sais-je encore, de l’alignement des planètes.

Si on me la posait maintenant cette question-là, aujourd’hui, que ce soit ici ou ailleurs, les yeux fermés ou devant le fjord du Saguenay, les montagnes des Hautes-Gorges ou de la Méditérranée, seule ou avec d’autres, saoule ou bien en état de sobriété, je n’hésiterais plus, je n’aurais pas à penser, non, ça s’imposerait franco.

Je n'ai pas remplacé mon frigo déglingué, ma nouvelle voisine est une hystérique, le gars d'la Caisse essaie de me rejoindre depuis deux semaines mais entre vous et moi, je m'en contre-colice.



Je vous propose une lecture d'automne. Parce que l'automne, c'est ma saison préférée.

Et parce que c'est pas tout de vouloir passer sa vie à écrire.

Le summum c'est qu'on puisse être lu.

Ouain.

10.10.08

UN GROS BUCK DANS' BOÎTE DU TRUCK


Jean-Guy ne s’attendait pas à payer le gros prix. En montant à Clova, Réjean lui avait dit tu l’entends pas ton rattle ? T’es sourd ou tu fais à semblant ? Ça a pas d’allure, Jean-Guy, y va falloir que tu y vois. J’entends rien, moi, que Jean-Guy répétait. Il s'est efforcé de rire pis y s'est étouffé noir. Ben voyons donc. Avoir su ça, on se serait arrangé autrement. Y’a pas de quoi s’énarver, Réjean, on va se rendre, on va se rendre... Mais l’autre, y en rajoutait tout le temps : T’es sûr que tu veux pas t’arrêter, on pourrait faire checker ça… Non, non, non. Inquiète-toi pas. On va s'arrêter pour manger une patate t’à l’heure pis le moteur va prendre ça easy un petit peu. Ça va être correk... Ouain, ben penses-y ben comme il faut, parce que tu ne trouveras pas personne pour te donner un coup de main, une fois qu’on va passer les 40 miles de garnotte pour se rendre au camp. J’te dis que tout est correk. T’as peur que je scrappe ta semaine à’ chasse ? Si j’te dis qu’on va se rendre, c’est qu’on va se rendre. Pis on va même redescendre avec un gros buck dans’ boîte du truck ! J’te le dis, moé.

Réjean n’est pas convaincu. Clova, c’est pas la porte d’à côté. Jean-Guy veut pas le dire, mais il l’entend, le rattle, lui aussi. C'est ben certain. C’est pour ça qu’y grimpe le son de la radio pis qu’y fait à semblant que tout va bien. Mais il l’entend pareil, pis fort à part de tça. Y'a la petite lumière rouge qui vient de s’allumer, le moteur a d’la misère. C’est le show des lève-tôt, à CFLO Mont-Laurier, et y’a Julie qui annonce moins douze degrés pour c’te nuitte.

Christ, Jean-Guy, que Réjean dit.

C’est vrai que ça’ a pu de bon sens. Jean-Guy parle pas, mais y pense en sacrament. C’est garanti qu’on se rendra pas. C’est pas rien qu’un rattle, qui se dit, c’est plus sérieux que ça.

La pancarte du Lac Saguay leu’ passe sous le nez. Au virage, drette dans une toune d’Isabelle Boulay, la machine donne deux trois à-coups et s’affole. Jean-Guy a perdu le contrôle. Le pick-up patine su’a chaussée, semble attiré par le fossé. Réjean est su’l gros nerf, y’empoigne le steering. Jean-Guy, christ ! Pourquoi tu m’écoutes pas quand j’te parle ? Colice de bucké à’ marde ! En moins de temps qu’il faut pour le dire, y garoche son Export’A par la fenêtre pis y pèse su’l genou de son compagnon de chasse. Le pick-up s’immobilise. Colice, Jean-Guy ! J’te l’avais dit ! Ostie de viarge de colice !

Réjean s’en veut, c’est ben sûr. D’être là. De ne pas être parti à chasse avec un autre gars que Ti-Guy, pis sa machine pourrie. De ne pas avoir pris son truck, son beau Chevrolet Kodiak de l'année. Mais la garnotte, c’est pas bon pour la peinture flambette. Le sang chéssé dans’ boîte du truck, ça fait pas propre. Y s’en veut aussi – mais ça, il ne le dira jamais - de ne rien connaître aux fuck mécaniques. L’entretien, les mises au point. Pour lui, c’est du chinois. Mais là, quand même, y’a un maudit boutte à toutte. Ti-Guy, y’é pas à son affaire pantoute.


Ti-Guy?


* * * * *

Vers l’heure du midi, le téléphone sonne chez Ghislaine. Acceptez-vous les frais, qu’on lui demande. Ben oui. Elle brasse sa sauce à spéghatti. Allô ? Réjean ? Vous vous êtes pas rendus ? Y’é où, mon Ti-Guy ? qu’a demande.


Y’a faite un infractusse du myocarpe en montant. Inquiète-toé pas, Ghislaine. Y devraient le réchapper.