30.12.10
23.12.10
18.12.10
RUSH-PAPIER-CISEAU
— Pourquoi tu prends pas des circulaires du Publi-sac pour emballer tes cadeaux?
— Euh. T'as le goût de recevoir un truc enveloppé de biftecks de ronde à trois piasses la livre?
— Bah. On s'en fout. On déballe pendant quoi, quinze secondes?
— Ouain, mais tu le vois pendant ce temps-là.
— Du beau papier glacé de Brault et Martineau? Avec des beaux meubles... Tu peux même te fabriquer des choux en découpant des bandes, et les faire friser avec un ciseau. Comme le gars qui faisait des beaux bricolages à la tévé! Tu t'en souviens?

11.12.10
RANCARD

On ne trouvera pas ça au Dollorama, encore moins à La Baie ou sur eBay. Ça fait pas loin de deux décennies que je ne les avais pas vus. Je vous présente Jill, Réjean et Steeve (avec deux E, une pose étrange et une face massacrée par un molosse mécontent), trois phénomènes pas ben ben jasants qui ont longtemps hanté le temps des fêtes de mon enfance. Les lumières multicolores et les débris de guirlandes avaient peut-être pour mission de leur conférer un air bon enfant, okay, idem pour le papier imitation brique, la mise en scène sympa avec les animaux qui réchauffent la cabane pas isolée, alouette, mais maudit que la face de Steeve ne me revenait pas. À quatre, cinq ans, on ne se dit pas : Tiens, un pastiche de Picasso ou Mince, il lui faudrait un chirurgien maxillo-facial. Non. On ne dit rien, on préfère se tenir loin. Garder une petite distance, tsé, au cas où le monstrueux gus en vert décidait de se déplier le genou et de se jeter sur toi en récitant à l'envers des versets de l'Apocalypse.
Pas folle, la fille.
Mais euh.
Cette année, ma soeur a hérité du kit au complet.
Je vais revoir Steeve dans exactement deux semaines.
Steeve, si tu m'entends, je voudrais te dire ceci, et vous me connaissez, c'est rare que j'utilise des majuscules :
TOI PIS MOI DANS LE SALON DE MA SOEUR, DRETTE EN FACE DU CONIFÈRE DÉCORÉ.
À MINUIT PILE, MAN. JE T'ATTENDS.
1.12.10
SALUT

Ces temps-ci je me sens comme ça. Rien à voir avec le titre. C'est l'image. Qui m'a fait penser au titre. Qui m'a fait penser à l'image. Et à l'histoire. Puis à l'image. Anyway.
Je ne vous ai pas raconté ça hein. Mais je devrais. Ça me ferait du bien de m’en rappeler. Surtout en ce moment.
Au Salon du livre. Dimanche après-midi. À cinq minutes de mon heure. Je suis tombée sur ma sœur équipée de son kodak, moi j’arrivais tout juste de saigner du nez dans les toilettes du 1000 De la Gauchetière. Le temps de lui dire que je préférerais être dans le fond des bois, quelque part entre Grand-Remous et Mistassini, on est venu me dire que quelqu’un m’attendait déjà à ma table. J’ai jeté un coup d’œil furtif.
Nan, ce n’était pas ma grand-mère.
Je ne le connaissais pas. J’ai ramassé mon courage, je me suis mouchée une énième fois, et je me suis dirigée vers ma table. J’ai enlevé mon manteau, déposé mon sac sur une chaise, et j’ai tendu la main.
— Salut!
— Salut!
J’étais mal à l’aise comme la Mort, en supposant que la Mort possède des sentiments malgré ce qu’on peut en penser, qu’en sais-je anyway, hein, et j’ai tenté le faciès de la fille-relaxe-malgré-l’angoisse-le bruit-l’éclairage des néons-les comprimés de machin antitussif-et-autres-nombreux-anxiogènes.
Il se présente, un exemplaire de mes corpuscules entre ses mains, et me raconte pourquoi il est là.
— Je sors de thérapie. Je suis un alcoolique. Ton livre m’a touché. J’ai pas envie de finir comme Korsakoff.
Vlan.
Y’avait beaucoup de monde qui déambulait autour de nous, beaucoup de bruit. J’avais une bouteille d’eau pas loin, des pastilles Halls au cas où je m’étoufferais (les noires, les plus fortes), des cadavres de mouchoirs dans une poche, ensanglantés pour la plupart, et un Bic Ultra Round Stic Grip à quelque part dans le fond de mon sac. Mon champ de vision de 180 degrés s’est rétréci pas mal vite. À ma gauche je voyais le pot de fleurs jaune-orange qu’on avait placé à ma table, et à droite, du monde flou. Pas mal flou. Entre les deux, je le voyais lui qui me parlait du syndrome de Korsakoff qu’il avait l'air de bien connaître, et de mon livre qui l’avait aidé à passer au travers.
Je ne me souviens plus de ce qui est sorti de ma bouche parce que ça a jailli direct du cœur.
Quand j’ai enfin mis la main sur mon stylo à quelque part au fond de mon sac, d'une main ébranlée, je lui ai dédicacé un truc sans fin.
On a jasé un bon dix minutes.
Assez pour que mon envie de fond des bois disparaisse.
Je l’ai remercié, il est parti.
Et je le remercie encore.
21.11.10
EXPRESSION DU DIMANCHE (III)

16.11.10
3.11.10
LE NOISE
J'en glisse un mot, c'est certain.
J'avais drette besoin de ça.
Pour voir la vidéo officielle, c'est là. L'aurais intégrée si j'avais pu.
31.10.10
L'EXPRESSION DU DIMANCHE (II)
21.10.10
CHAISE PLIANTE

Paul ressemble comme deux gouttes d’eau à André Sauvé. C’est un des employés du camping. Plus relaxe que ça t’as le système nerveux d’un chêne. Il commence à être habitué de me voir, je suis là depuis presque deux semaines. Quand il me voit, il s’approche le plus naturellement du monde. Le genre de personne avec qui on n’a pas envie d’éviter la conversation. Plutôt rare comme événement.
— Bon matin, que je lui fais, entre deux gorgées de café.
Je me suis baladée avec ma tasse thermos du Refuge Pageau, et il m’a vue entrain de zyeuter la programmation à venir du camping agrafée sur un poteau. Des courts-métrages vendredi, une épluchette de blé d’Inde samedi.
— Bon matin, qu’il me fait, les mains dans les poches et le regard reposé.
Il a l’air d’un gars du matin. Mais qu’est-ce que j’en sais. Il s’est peut-être couché tard.
— Le Festival des courts-métrages, ça attire-tu ben du monde?
— Non.
— Je vais sûrement venir voir ça. Ça se passe où? Dans le parc?
Le parc est juste devant nous. Installé tout au bout, après les balançoires semi déglinguées et l'unique glissade, il y a un espace surélevé qui fait office de scène dont le fond est délimité par du treillis.
— Ouais. Les films sont intéressants en général. Mais souvent il sont… j’sais pas. Durs.
— Les sujets sont lourds?
— Ouain. C’est souvent très noir. C’est rare que c’est léger… ou vraiment drôle.
— Des petits films coup de poing hein...
— Ouain, c’est ça.
— J’imagine que ça doit pas trop plaire ici, hein? C’est pas ce qu’il y a de plus « festif » des courts-métrages qui fessent un peu...
— Ben, tsé, les gens préfèrent s’amuser, rire en vacances… Des fois, c’est assez sombre merci. Surtout ceux de cette année…
— Ouain. Je vais venir.
J’avais pris ma chaise pliante au cas où. Un peu après vingt et une heures, j’ai terminé ma soupe et je suis partie. À mon arrivée, il n’y avait pas un chat. Étonnée mais sans trop l’être finalement, je me suis choisie un endroit de qualité, à l’avant mais pas trop, question de n’avoir aucune tête devant moi. Le gars de la sono s’est approché et m’a dit :
— Le meilleur spot, hein?
— Ouain ben j’ai apporté ma chaise, je pensais qu’à cette heure-là…
Et je n’ai même pas terminé ma phrase, je la trouvais inutile. Et niaiseuse. Il a ri, puis a mis du Radiohead en attendant de lancer le truc.
J’sais pas pour les autres, mais moi j’ai passé une maudite belle soirée. Même qu’à un moment donné, j’avais les yeux qui baignaient dans leur jus. Le court de Pedro Pires. Avec la collaboration de Robert Lepage. Danse macabre que ça s’intitulait. J’avais bien fait de venir avec ma chaise pliante.
Ouain.
Mets-en.
19.10.10
BLEU
Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'ont dit avec les
yeux
Parler me semble ridicule
Je m'élance et puis je recule
Devant
une phrase inutile
Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre
D'une rencontre
Je lui dirai les mots bleus
Ceux qui rendent les
gens heureux
Je l'appellerai sans la nommer
J'aime le silence immobile
D'une rencontre
D'une rencontre
Je n'en doutais pas une seconde, le bleu la caractérise superbement. Celui qui émane de ses yeux bien sûr, mais de sa personne toute entière aussi.
Ouais. Le bleu lui va à merveille.
11.10.10
INTENSE, PUR ET VRAI

(J'arrive de l'aéroport.
Les départs, hostie que c'est pas gai.)
Mais on réitérera...
La toile est de Patrick Natier (Désert Blues). Ouais.
5.10.10
LE VENT NOUS PORTERA
Ouain.
Bien hâte de vous serrer la pince.
Depuis le temps hein.
(Pis que j'en voye un se présenter avec son pseudonyme, sacrament!)
;)
28.9.10
SIMPLEMENT DU MONDE

Pour diffusion immédiate
SIMPLEMENT DU MONDE
Exposition de l'artiste-peintre Gaétan Bouchard au Terrasse Café Bistro
L'artiste-peintre Gaétan Bouchard présente son exposition «Simplement du monde» du 28 septembre au 28 octobre 2010. L'exposition aura lieu au Terrasse Café Bistro, situé au 547 de la rue Bonaventure à Trois-Rivières.
Les toiles retenues pour l'exposition présentent essentiellement des foules de bonne humeur. De la plage à la tempête de neige, d'une nuit à l'expo au combat de lutte, l'artiste présente une vision caricaturale du monde où la joie de vivre se manifeste en couleurs vives et en formes rondes.
Les tableaux de Gaétan foisonnent de personnages inspirés du monde et du quotidien de Trois-Rivières.
L'artiste de 42 ans est natif de Trois-Rivières.
Source:
Gaétan Bouchard
26.9.10
AMBIANCE MUSICALE ET PINOTTES EN ÉCALES
18 heures :
— C'est quoi ça?
— Hein? 'Est folle en crisse!
image des cannibales gentils trouvée ici :
http://fakirdsgn.blogspot.com/2009/03/tribu.html
fakir design blog
24.9.10
UN AN
je viens de comprendre ce pourquoi j'ai le taquet bas aujourd'hui...
Demain, ça fera un an.
J'ai le respect des morts. Ouain.
Et surtout mémoire des eaux que j'ai pleurées.
Je pense qu'à soir, je vais compter mon petit change, pis je vais aller me chercher La constellation du Lynx.
Ça va peut-être me faire du bien.
15.9.10
LES MERCREDIS NE SONT PAS MORTELS

C'est comme à Nowell, mais à la puissance mille. La seule différence, c'est que je ne suis pas pressée de défaire le sapin.
C'est comme à mon anniversaire, genre quand j'ai eu 5 ans. Sauf que là, j'ai le droit de boire de l'alcool.
Mercredi, le 15 septembre 2010.
Aujourd'hui, je fais de la place dans mes tiroirs.
12.9.10
L'EXPRESSION DU DIMANCHE
BALLOT DE BOIS ET PLAIE OUVERTE

Le gus à l’accueil s’appelle Jonathan, mais tout le monde le surnomme Jos. Il est plutôt calme, sympathique sans trop l’être, et il a un je-ne-sais-quoi dans le regard qui me fait croire qu’il est dépressif. Ça se sent ces choses-là. En tous les cas, il est l’opposé du gars nerveux. C’est le genre de personnes à qui on dirait : « J’ai une plaie ouverte, peux-tu m’aider? » et il te dirait « Hum. J’sais pas. Peut-être ben. J’ai appris à faire des catins chez les Louveteaux, mais ça fait un bail. Il nous faudrait un linge propre. Je dois avoir ça à quelque part... » Enfin, je ne sais pas. Je ne crois pas que j’aurai de plaie ouverte pendant mes vacances. Et si j’en ai une, je ne suis pas sans-dessein au point de me traîner jusqu’à l’accueil du camping sans m’être fait une catin moi-même. Chose certaine, je n’irai sûrement pas voir les gens aux roulottes : des plans qu’ils me laissent crever au bout de mon sang. C’est bizarre ce que j’avance là hein, mais j’ai comme le pressentiment qu’ils n’apprécient pas les étrangers. Ils sont là à frotter leur odeur sur chaque coin de leur terrain, comme un chien genre, pour délimiter leur espace. D’un air de dire c’est-mon-terrain-ça-et-depuis-longtemps-fac-que-je-te-voye-t’approcher-hein-on-est-des-saisonniers-icitte. Je sens que je ne suis pas des leurs. Je fais partie des crevos qui squattent les terrains sans services, sans eau courante ni champ d’épuration. Je fais partie de ceux qui bouffent des tomates sans les nettoyer à grande eau, ceux qui accrochent des bâches aux arbres pour se protéger un peu de la pluie. Je suis de la gang des crottés, ceux qui se baladent sans gêne les ongles d’orteils bourrés de sable et de crasse, les cheveux mal coiffés, arborant le même gilet plusieurs jours d’affilée. Les « sans frigo », les « faiseux de rigoles », les « désastres ». Des miséreux, quoi. Je ne suis que de passage, donc je souille leur place. Anyway. Si j’avais une plaie ouverte, je préférerais mourir au bout de mon sang que d’aller cogner à leur porte fraîchement nettoyée au jet d’eau à compression, à leur quémander de la gaze et une once d’altruisme. On les sent ces choses-là.
Jos m’a fait un prix sur les deux semaines que j’ai décidé de passer ici. Il m’a refilé le plus grand emplacement de la section « camping sauvage » en me souhaitant un bon repos. Ça devait paraître que je n’avais pas envie de me faire écoeurer. En fait, il a dû lire la phrase « Crissez-moi la paix » sur mon front.
Il n’y a pas que Jos et Jez qui travaillent ici. Il y a aussi ceux qui font des rondes. Des rondes pour les poubelles, les ballots de bûches, les toilettes. Ceux-là aussi ne sont pas très bavards. Tant mieux. Ils passent en VTT, font ce qu’ils ont à faire, ne voient pas l’utilité de te dire bonjour ni même de te faire un signe de la tête.
Jos discutait avec l’un d’entre eux quand j’ai fait l’acquisition d’un bloc de glace l’autre matin. Son nom, ça devait être Charles parce qu’il l’a appelé Chuck. Hum. C’est nul, Chuck. Jos, Jez, Chuck. Entre collègues de travail masculins, j’imagine que c’est plus cool d’utiliser des surnoms. Chuck a la palme de l’air bête. Il s’occupe surtout de la ronde de bûches, et comme j’ai pas envie d’aller me chercher du bois à pied ni de détruire le boisé du camping à l’aide de mon canif (je n’ai pas apporté ma hachette), je lui en achète régulièrement. À chaque soir, en fait. La première fois, je lui ai fait un signe de la main. Depuis, il s’arrête à chaque soir. Il me garroche mon ballot et il prend l’argent que je laisse dans l’accoudoir de ma chaise pliante. C’est notre entente tacite. Parce que je ne suis pas tout le temps là on s’entend, j’aime ça aller me promener le long de la grève avec un livre et un peu d’alcool. Ça me permet d’apprécier la vie.
Ça ressemble étrangement à une routine ça, la ronde de bûches de Charles. Quand j’arrive, à la tombée de la nuit, je sais que mon ballot est là, à côté du feu, et que mon argent a disparu. C’est drôle parce que pendant nos vacances, on cherche souvent à éviter la routine. Mais celle-là me convient.
Jos m’a bien averti, lors de ma visite inquisition-de-la-météo-des-prochains-jours :
— Vaut mieux que tes bâches soient solides, on annonce un orage. Pis pas mal de vent.
Le soir même, Chuck s’est pointé avec son ballot de bois. Il ventait fort, il devait faire dix degrés et il était en manches courtes. Je me suis dit que ça allait le réchauffer pour la suite des choses.
Il n’a dit ni oui ni non, il a avalé cul sec en prenant le cinq piastres qui était sur la table à pique-nique, et il est reparti, comme s’il pensait qu’en ouvrant la bouche il allait déchirer sa belle et jeune gueule d’adonis basané.
Le lendemain, c’était peut-être son jour de repos, je l’ai vu qui s’est installé sur un promontoire de la plage, avec des copains. Il jouait à se lancer un ballon de football. Moi j’étais plus loin, au soleil. Un effluve de marijuana m’est passé sous le nez. J'ai dormi. Puis je me suis fait réveiller par un coup de tonnerre. J’ai horreur du tonnerre. J’ai remballé mes affaires prompto et j’ai fait un arrêt du côté du casse-croûte. J’avais le goût d’un hamburger fromage. Jez était fidèle au poste.
— Hostie, ça va tomber!
— Ouin. On dirait ben.
— All dressed, ton cheese?
Il n’y avait pas un chat dans les environs. Tous étaient partis se réfugier. J’attendais mon lunch sous un parasol Molson Ex quand Chuck est passé en quatre roues. Il partait faire sa ronde de bûches.
À mon arrivée, le feu était déjà allumé. Et j’avais deux ballots de bois sous la table à pique-nique. Charles était un homme de peu de mots, mais il savait drôlement bien s’y prendre pour faire plaisir. J’ai avalé mon cheese devant le feu en me demandant ce que ce serait de baiser avec lui. Et ce soir-là, sous la tente, je me suis fait jouir en y pensant. C’était étrange, ça m’a fait drôle de me masturber sous l’orage. Finger lickin’ good, comme dans la pub du Colonel. J’ai dormi comme un bébé sous le ciel mécontent.
À cinq heures du matin, je me suis fait réveiller par une moufette qui se baladait près de ma tente. Incapable de me rendormir, j’ai enfilé mon pantalon et j’ai mis de l’eau à bouillir pour me faire un café. Ça m’a pris du temps avant de remarquer les deux bouteilles de bières vides sur la table. Mon cœur s’est accéléré, et j’ai regardé tout autour de moi.
C’est vite devenu notre petit jeu. Au départ, ça m’a tétanisé de gêne je dois l’avouer. Je faisais tout pour l’éviter. Il faisait tout pour me croiser. Je le sentais bien que ça l’amusait de me faire rougir juste par sa présence. Quand j’allais prendre ma douche, le soir, j’étais en proie à une vive excitation. Je marchais doucement dans le sentier en gardant ma lampe de poche éteinte. Je laissais mes yeux s’habituer à la noirceur et je guettais les mouvements, les silhouettes, les bruits. Quand j’arrivais à ma tente, le feu crépitait déjà. Je ne crois pas qu’il passait par les sentiers du camping, je crois plutôt qu’il se frayait un chemin dans le bois derrière. Par le chemin de fer, plus loin. M’enfin. Je dis ça de même. J'en sais rien.
J’ai mis du Tim Buckley et j’ai attaqué ma bouteille de Red Label en solidifiant ça et là mes bâches qui s’étaient quelque peu relâchées depuis l’orage. Fallait faire attention aux racines et aux souches qui dépassaient d’un peu partout. Le ciel était dégagé, il devait y avait des milliards d’étoiles.
Charles est arrivé sans dire un mot. J’ai figé sur place. Il s’est assis sur ma chaise pliante. Il s’est étiré le bras pour attraper une bûche, l’a lancée dans le feu qui a répondu en faisant voler des braises, et il s’est calé le dos confortablement dans le siège. Je lui ai offert un verre et il m’a demandé de…
En fait, il n’a rien demandé. Il a ouvert sa braguette. J’ai regardé tout autour, un peu mal à l’aise. J’ai pensé à la suite des choses puisque suite il y allait avoir, et j’ai avalé le contenu de mon verre en une gorgée, espérant obtenir le coup de fouet nécessaire. Il a porté une main à ses lèvres et il a craché minutieusement une bonne quantité de salive sur ses doigts.
À partir de là, je n’ai pas le souvenir de grand-chose. À cause de l’alcool. De la nervosité aussi, sans doute.
Je sais qu’il n’avait pas l’habitude de faire ça. Parfois, je sais pas, on croise quelqu’un à quelque part qui, sans qu’on s’en attende, parvient à nous dénuder le corps et l’esprit dans le plus complet des silences, sans la moindre parole ni le moindre geste. Ça fait tilt, comme ça, et c’est inexplicable. Souvent, on fait comme si de rien n’était. Parfois, on se risque.
Quand j’ai ouvert les yeux le lendemain, Charles n’était plus là. Je ne m’attendais pas à davantage de sa part. J’ai flâné dans ma couche jusqu'à onze heures et j’ai eu l’idée d’aller déjeuner au casse-croûte. Jez m’a salué en inclinant la tête.
— Pis Philippe, les vacances vont bon train?
— Ça va, ça va, que j’ai répondu en lui remettant un billet de cinq contre deux toasts au fromage et un café.
Je me suis malaxé les tempes, puis j’ai attrapé la brochure d’une compagnie de rafting qui traînait sur le comptoir.
28.8.10
INSOLATION
— Fou-fi-dou-dou-dou-dou-dou-dou, dou-dou-doooou : c'est quel oiseau qui fait ça? Je suis nul là-dedans.
— Hum. Refais-le don' pour le fun.
— Pour le fun?
— Manière de parler. C'est parce que j'arrive pas à deviner. On dirait plus une chanson de Claude Dubois.
— Fi-di-diiiii, di-de-li-di, fi-de-li-diiii...
— Tu me niaises? C'est même pas la même chose...
— Ben c'est à peu près ça, là. C'est dans l'esprit.
Le gus endormi s'est recroquevillé sur le côté. Il s'est mis à ronfler. Ça n'a pas duré longtemps : il s'est réveillé en sursaut, a marmonné quelque chose qui a fait rire les adolescentes, et il s'est aussitôt rendormi, les bras croisés comme ceux d'un mort.
— Ça pourrait être la mésange... J'sais pas, moi. Pourquoi tu me demandes ça?
— Parce que je l'aime bien, c't'oiseau-là. Il me détend.
— Ah.
— Pas comme l'autre, là, qui croasse sans arrêt.
— La corneille?
— Ouain.
— Uh-uh.
Eh! Eh! Eh! Tsss-tsss-tsss. One-two, one-two. Eh! Eh!
— C'est quoi, ça?
— On dirait un test de son...
— Hostie, y'a ben du bruit icitte.
— C'est pour l'épluchette de blés d'Inde, ce soir. J'pense qu'il va y avoir un band.
— Ah. Hey, checke le canard là-bas!
— C'est une mouette.
— Un orchess', tu veux dire.
— Hein?
— D'après moi c'est pas un band, ça doit être un orchess'.
— On y va?
— À l'épluchette de blés d'Inde?
— Non, je veux dire : je suis tanné de prendre du soleil. On s'en va?
— Ok.
— Tiens. En passant, laisse-lui les bouteilles d'eau. C'est peut-être le chanteur.
22.8.10
LES CORPUSCULES DE KRAUSE
Si on me la posait maintenant cette question-là, aujourd’hui, que ce soit ici ou ailleurs, les yeux fermés ou devant le fjord du Saguenay, les montagnes des Hautes-Gorges ou de la Méditérranée, seule ou avec d’autres, saoule ou bien en état de sobriété, je n’hésiterais plus, je n’aurais pas à penser, non, ça s’imposerait franco.
Je n'ai pas remplacé mon frigo déglingué, ma nouvelle voisine est une hystérique, le gars d'la Caisse essaie de me rejoindre depuis deux semaines mais entre vous et moi, je m'en contre-colice.

Je vous propose une lecture d'automne. Parce que l'automne, c'est ma saison préférée.
Et parce que c'est pas tout de vouloir passer sa vie à écrire.
Le summum c'est qu'on puisse être lu.
Ouain.
31.7.10
24.7.10
AQUIN EST DÉPRIMANT EN SACRAMENT

Enfin j'espère.
L'alcool n'aide en rien, c'est certain.
En fait, je n'en suis pas si certaine.
On est jamais certain de rien de toutes façons.
Pis faudrait que j'aille voir un doc. Pour des Anaprox à dose chevaline. La connasse qui m'a fait une prescription la dernière fois n'a pas été foutu de me mettre ça renouvelable. Chick-a-chick, hein, connasse de doctorante ingrate. Je vais être menstruée encore pour longtemps : ça te faisait quoi d'encercler le petit douze en bas de la feuille? Ça t'aurait déchiré les muscles à en craindre une dystonie de fonction? D'ailleurs faudrait que j'en profite pour parler de mon membre inférieur gauche. Me suis fait mal en tombant y'a une couple de semaines. Depuis, je suis totalement incapable de me mettre à genoux.
Pis c'est pas une métaphore.
C'est peut-être un signe?
Anyway. Faudrait que je passe une radio. Amanchée de même, j'ose pas aller courir.
Entre vous et moi ça m'arrange. J'ai mieux à faire.
14.7.10
10.7.10
FRÉON, RIMES ET PETITS VERS BLANCS

— J'sais pas...
— Le compresseur?
— Euh...
— Y'a fait chaud en sacrament hein, y'a pas aimé ça.
— Ouin. Moi non plus.
— C'est l'été, faut pas se plaindre. Le condensateur est peut-être encrassé?
— Je préfère l'hiver. Pis je vais me plaindre si ça me tente. Ça ressemble à quoi, un condensateur?
— Okay... Y'a quel âge ton frigidaire?
— Y'é pas jeune-jeune. Y doit avoir quinze ans. Peut-être un peu plus...
— D'après moi, y'é fini.
— Ouin. Comme la bouffe qu'y'avait d'dans.
— Ah, c'est de la valeur, ça.
— Pas mal. À 45 degrés Celcius, j'ai dû faire cuire tout ce qui avait décongelé. Le reste, je l'ai jeté. Ça sentait le cadavre en putréfaction. Est-ce que ça se répare, d'après vous?
— Un cadavre en putréfaction? Pense pas...
— Ha! Vous avez de l'esprit, monsieur le frigoriste.
— Ça se pourrait... Faudrait que j'envoie un de mes gars checker ça. C'est-tu ben urgent?
— Euh... J'aimerais ça éviter de jeter une deuxième batch de nourriture, tsé veux dire?
— Le tarif pour une urgence est plus élevé que...
— Que quoi? Qu'une visite de routine?
— On est pas mal débordés ces jours-ci.
— Ah oui?
— Ouin.
— Aimez-vous ça le camping, monsieur?
— Hein?
— Moi, j'aime ça le camping.
— Euh...
— Ça me détend. Fait que je pense que je vais aller au dépanneur, je vais m'acheter de la glace pis je vais mettre ça dans mes coolers. Ça va me donner un avant-goût de mes vacances, pis ça va m'éviter d'encourager un profiteur.
— L'aide humanitaire, madame, ça fait pas runner une business.
— En tout cas, monsieur, vous portez bien votre nom de commerce.
— Pas pire, hein?
— Jean-Guy refroidit. Ça vous convient très bien.
— Merci.
— Bonne continuation, Jean-Guy.
— Non, moi c'est Stéphane. Jean-Guy, c'était pour rimer.
— Pour rimer... Ah. Bonne continuation dans vos rimes, Stéphane.
— Bonnes vacances, madame.
28.6.10
HÉROS DU JOUR
Faut le faire en estie, et c'est le cas de le dire. On sait jamais comment on réagirait hein. J'espère de tout mon coeur pouvoir faire ça si jamais l'occasion se manifestait dans mon existence.
Je ne me souhaite pas l'occasion, on s'entend, mais le réflexe.
J'allais dire Bon sang. Je vais plutôt dire Diantre.
Ou Estie.
Ou juste Wow, tiens.
24.6.10
BOIS DE L'EAU, C'EST TOUTTE.
13.6.10
MARAIS, PYRAMIDE ET SYSTÈME DE RÉFÉRENCE

C'est-tu lui qui regénérait ses membres en les exposant à des rayons de soleil? Me souviens pas.
Anyway. Je pensais à ça hier en contemplant ma pyramide de boîtes dans le salon (je déménage bientôt, pis hostie que j'hayis ça déménager). Je me suis dit que cette fois-ci j'allais prendre le soin d'étoffer les renseignements sur lesdits cartons, que j'allais pas juste noter Cuisine ou Bureau ou Salon, mais que j'allais aussi préciser le contenu. Genre des sous-points. Question d'être plus efficace. Serviettes, paperasse, bols soupe oignon/verres/ustensiles, draps, stock camping, chaudrons/plats plastique, bottes d'hiver, etc.
Pour éviter les boîtes de douze tonnes et quart, j'ai dû bien sûr faire certains mélanges hétéroclites : des livres avec des linges à vaisselle, de la paperasse avec des vêtements, and so on. Et pour m'y retrouver plus facilement lors du dépaquetage, j'ai numéroté les boîtes contenant ma bibliothèque.
Donc. Le contenu général en lettres majuscules, les sous-points juste en dessous en lettres attachées, et le numéro dans le coin s'il y a lieu.
Le seul problème c'est qu'hier, en contemplant cette fabuleuse et fort déprimante pyramide de boîtes, je me suis rendue compte que je n'arrivais pas à relire mes barbots. Bravo.
Anyway.
Aujourd'hui, entre deux boîtes, je tâcherai de m'étirer le cou dans la lumière du jour : un peu de soleil sur la tronche ça ne devrait pas faire de mal.
25.5.10
CRIQUE
23.5.10
« POUR QUELQUES INSTANTS LA MORT N'EXISTE PLUS. C'EST ÇA L'ÉTERNITÉ JE PENSE. »
« Faut pas s'éloigner trop de son enfance. C'est important.
En vieillissant on a tendance à oublier. Avec tous les problèmes...
On devient affreusement sérieux.
Fais attention à ça Xavier.
Faut se battre, mais faut pas arrêter de rire.
Faut pas arrêter de regarder le soleil. »
De Lorimier
Séquence 61
15 février 1839 (Falardeau, 2001)
* * * * *
Demain, c'est férié.
Pour tous ceux et celles qui ont ou qui n'ont pas congé :
Bonne Journée nationale des Patriotes.
14.5.10
DANS SA COUR

Pour diffusion immédiate
Vu chez Mistral. Puis chez Éric.
Puis chez Blue.
* * *
SIMPLEMENT DANS MA COUR
Trois-Rivières, 11 mai 2010... L'artiste-peintre Gaétan Bouchard tiendra son premier vernissage samedi et dimanche les 15 et 16 mai 2010 de midi à 17h00. Son exposition s'intitule Simplement dans ma cour.
L'événement aura lieu simplement dans sa cour, au 1756 de la rue St-Olivier à Trois-Rivières.
L'artiste tire son inspiration des scènes de la vie urbaine. Il nous présente une galerie de personnages connus et méconnus du grand Trois-Rivières.
* *

Gazou!

Je prends mon pinceau. Je trempe mon pinceau dans les couleurs que j'ai préalablement étendues sur une surface aussi plane que possible. J'appose ensuite les couleurs sur la toile à l'aide de mon pinceau. Des fois je sable mes toiles. Des fois non. Des fois je peins avec mes doigts ou avec ma queue. À la fin, ça donne un Indien ou bien une trottinette.»
-G. Bouchard
La tarte au coconut

-G. Bouchard
Le festival du radis

L'espionne

-G. Bouchard
Un souper entre amis
-G. Bouchard
Ondée

Une maison su'l bord d'a track
Moi : Une fille qui s'arrache du lilas parce que ça sent bon du lilas, un gars qui s'occupe du barbecue et qui sourit (peut-être ben qu'yé entrain de faire brûler ses steaks), y'a du monde din fenêtres, une bonne femme dans' porte qui watche dehors, une fille nu-pieds su'a galerie qui observe les amoureux. Un motard qui pointe au loin, expliquant à sa blonde que c'est par là qu'ils doivent aller.
Y'a toujours gros de stock dans tes peintures. On dirait des courts-métrages. C'est fascinant.
Bouchard : Un voyou d'track qui joue au Dharma Bum en arrière d'un wagon du CN... Deux pêcheurs de barbote... Un peintre qui fait une toile derrière la fenêtre du premier étage, sur le côté... Trois zoufs dans un char... Une fille qui pogne le cul de son chum... Hostie, t'as raison, j'capote... Quand j'ai fini de peindre mes tableaux, j'suis étourdi en sacrament!
6.5.10
SINISTRE CARNAVAL ESTIVAL

Sinistre carnaval estival. Et j’en ferai partie cette année.
Plus à l’ouest, on appelle ça la fête du Canada.
Le Canada day.
(M’en fous que ça prenne une majuscule, moi j’en mets pas.)
Par ici c’est le jour D.
D pour damnation :
« Sacrament de colice de tabarbak! Kessé qui font qu’y’arrivent pas? J’ai dit huit heures hostie. Huit! Pas neuf, pas onze. Huit! »
D pour diable :
« Hein? Comment ça y’en n’a pas dans le truck? Pas de diable? Heille, on est dans’ marde. »
D comme dans dégonflard :
« Je pense que j’ai une gastro, je pourrai pas venir t’aider à ton déménagement.»
D comme dans décimètre :
« Y reste-tu un peu de place pour un bureau,un bicycle pis une couple de boîtes? »
D comme dans déconseiller :
« Descendre le frigidaire cul par-dessus tête, c’est pas une ben bonne idée… »
D comme dans défaitisme :
« Je te le dis, moi : ton bureau passe pas dans l’angle de l’escalier. »
— Pas-capable, je le connais pas. Connais-tu son petit frère Essaye?
D comme dans déféquer :
« Où sé que t’as paqueté tes rouleaux de papier de toilette? »
D comme dans déficit :
« Hein? C’est ben cher, louer un crisse de cube un premier juillet! »
D comme dans direct :
« Ôte-toé d’din’ jambes, sacrament! »
D comme dans déglingué :
« C’est pas de ma faute, ça m’a glissé d’din mains! »
D comme dans dégoûté :
« Pas un troisième étage? Saaacraaament. »
D comme dans dégustation :
« Ouin ben ‘est pas mangeable la pizza dans ton nouveau quartier! »
D comme dans délation :
« Roger a échappé ton miroir din marches : sept ans de malheur, pauvre toé! »
D comme dans delirium tremens :
« On achève-tu qu’on se la boive cette petite bière-là? »
D comme dans déluge :
« Méchante ondée, hein. Tu monteras le chauffage au boutte, c’est toutte. »
D comme dans deltoïde :
« Y’é ben pesant ton sacrament de bureau! »
— Je le sais.
— Y’en a en mélamine sur Kijiji…
— M’en crisse. Je l’aime, mon bureau. Les Advils sont sur mon bras.
D comme dans démerdard :
« Heille, je pense à ça : ton bureau, on devrait l’attacher avec de la corde pis le tirer jusqu’au 3e. »
D comme dans démissionnaire :
« T’es malade toé crisse! Fais-le tu-seul mon grand. »
D comme dans dépôt :
« Ah, t’avais numéroté tes boîtes? Bah. ‘Sont toutes dans le salon, ça t’occupera demain matin. »
D comme dans despotique :
« Heille, heille! Fais-le toi-même si t’es pas contente! »
D comme dans dessin :
« Ça rentre pas, ça rentre pas. Faut-tu que je te fasse un dessin, crisse? »
D comme dans diagnostic :
« Un voyage pis ça devrait être assez. J’étais un vrai champion de Tetris, moi. »
D comme dans dialogue :
« Je te l’avais dit de vérifier si y'avait un diable dans le camion. »
— Heille, commence pas! »
D comme dans diffamation :
« Elle a loué un seize pieds cube, hostie. Crisse d’épaisse : c’est un vingt pieds cube qu’il aurait fallu. Pas fort, la fille… »
D comme dans diplôme :
« Ça prend pas un doctorat en mathématiques sacrament, je te le dis que ça passera pas! »
D comme dans dénouement :
« Sylvain a vomi dans tes plantes. Le Red Label était de trop.»
Hostie que j’hayis ça, déménager.
Mais c’est un mal pour un bien.
Sept et demi.
Pour le prix d’un quatre et demi dans Villeray genre, ak des (colice de) pièces doubles.
J’aurai mon fuckin’ own bureau fermé.
Attenant à la cuisine.
Je pourrai partir une sauce à spag, un bourguignon, un rôti de porc, name it, en bizounant sur mes affaires.
Checker de temps en temps.
Brasser.
Goûter pour ajuster.
Me faire du café.
Ou fouiller dans le tiroir du bas et me commander un chow mein au poulet.
Troisième d’un triplex.
Si y’en a un qui me pioche su’a tête, ce sera jos-pluie-battante et personne d’autre.
22.4.10
DANS L'INFINI UNIVERSEL
Deux étrangers qui se rencontrent
Dans l'ascenseur déjà le désir monte
Deux étrangers qui se rencontrent
Stoppant leur course contre la montre
Seuls, tout seuls au bout du monde
Seul, là-haut dans cet hôtel de verre
Ça commence comme un fait divers
Je t'ai offert un verre
J'ai allumé ta cigarette
L'alcool me montait à la tête
Les yeux dans les yeux
On a ouvert le feu
Y a trois milliards d'humains sur terre
Et combien de coeurs solitaires
Pourquoi nous deux
Pourquoi nous et pas eux
C'est une question de feeling
(Aigu) Questiooon de feeeeeling
Misère de misère.
J'ai ça dans' tête depuis tal'heure.
Dans l'infini universel. Non mais faut le faire.
4.4.10
27.3.10
BOUILLON, BILE ET VIDANGE

Tu rentres, tu payes, tu t'assois. Pis t'attends. T'attends que la bouffe soit prête. Quand les serveuses ont le okay du cuistot, tu reçois un plat Tupperware de soupe aux pois. Bang! Kin, stie. Mange. Slurp, slurp. Pas méchant. Slurp. Y'en a de reste. Mais justement : ils font quoi avec le reste? Vidange.
S'ensuivent les chips au gras salé. Les oreilles de crisse, si vous préférez. Puis les patates bouillies, les tranches de jambon, le creton, l'omelette soufflée et les fèves au lard. Ils fournissent la pinte de lait et les cruches d'eau. Certains se rincent le gosier au vin ou à la bière, quand ce n'est pas au gin - ou carrément au sirop d'érable. Doux Jésus... du vrai sirop d'érable. Moi je le garde pour le dessert. Hummm. On renouvelle la tournée d'oreilles, juste pour le fun, parce que les gens aiment ben ça les oreilles. Ils se détachent la ceinture. Ça soupire de partout. Les restes? Vidange.
Les desserts arrivent. On les imagine debout devant des grosses cuves fumantes, soudainement pris d'un malaise : les grand-pères dans le sirop. Sploutch. Ça ferait un bon film d'horreur de série B ça, les grand-pères dans le sirop. B comme dans bouillon, bedaine, bile. Botulisme, boursoufflés.
Pis là, c'est simple, on se peut plus : la tire s'en vient, ô superbe finalité de tous les vices glucosides et sainte merveille de la nature. Mais qu'est-ce qu'on fait au juste avec les autres desserts? Vidange, bien entendu.
Mais le pire, c'était quand ils ont sonné la cloche. Pour la tire. Jos-tire s'est amené avec son récipient et tout le monde s'est tu avant de se garrocher sur la mangeoire remplie de neige, bâtonnet à la main, prêt à attaquer.
Ça m'a donné le goût de me bâtir une cabane à sucre, pis de l'interdire au public.
17.3.10
13.3.10
SUPPLÉMENT TRIBAL

il n'y a que moi. »
L'Avalée des avalés
4.3.10
LES HÉROS SONT PARTOUT
DIS-TOI BEN ÇA

— Pis? Ça t'remonte-tu le moral?
— Euh... j'sais pas trop là...
— Le printemps arrive, ça fond, il fait beau, on va pouvoir manger d'la crème à'glace dehors... Pis t'aimes ça les chats toi, non?
— Ouain...
— Dis-le donc que tu l'trouves laid mon tableau. Moi qui pensais que ça t'ferait plaisir!
— Nenon, c'est pas ça. C'est juste que... J'me demande ben où je vais l'accrocher. Ça fite pas vraiment avec les couleurs de mon salon... ni de ma cuisine...
— Ben. Mets-le dans ta chambre.
— Dans ma chambre? Ah. Ouain. C't'une idée. Mais hum, j'pense pas que ça irait super bien avec mon couvre-lit...
— Il est de quelle couleur ton couvre-lit?
— Blanc.
— Blanc? Ça fitte avec toutte du blanc.
— Ben, il est pas blanc-blanc-blanc là. Y'a pas mal de blanc, mais y'a du vert aussi. Genre du vert chlorophylle...
— Du vert chlorophylle?
— Ouain.
— Pis?
— Pis euh... le vert chlorophylle ça fite vraiment pas avec du turquoise. Tout le monde sait ça.
— C'est pas turquoise ça, c'est bleu.
— Ah ouais? Ouain. Ben. Bleu bébé genre...
— Bleu bébé?
— Ouain. Bleu bébé.
— Un bébé, c'est pas bleu.
— Je sais, mais on dit ça comme ça. T'as jamais entendu ça?
— Dis-moi donc à' place : J'en veux pas de ton hostie d'tableau laid.
— J'en veux pas de ton hostie d'tableau laid.
— ...
— ...
— T'as raison. C'est vrai qu'y'é laid...
— Ouain mais y'a toujours quelque chose de beau dans le laid. Dis-toi ben ça.
— Boaf. Pffft...
— Tu me peindras un clown la prochaine fois. Je l'accrocherai dans' descente de la cave.
— ...
— Ah arrête hein. Viens, on va aller prendre du soleil.